lundi 6 juillet 2009

Variations Grand singe / Français (Cécile)

Pour quelque chose de plus signifiant et cohérent, voir là.
Pour un texte de départ, voir.
Pour ceux qui sont accrochés et qui se moquent de toute construction de sens cohérente, continuer sous l'image.
Pour ceux qui veulent être remboursés, cliquer .

Proposition de traduction de ce texte Grand Singe de Sancid.


Zor wa eho-kut gom-lul voo-voo
Ala ho-balu-den yato jar zan tarmangani
Bal ; kudu ved eho-nala
Tu : eta pele ho hul tand-nala.

Ab tan, tho ta kut, b’yat tand dan-sopu zut
Tro Tag zor m’wa ro bur
Van ramba tand-nala zor ho-wa-usha wala goro, wala kudu
Tand galul ga zor wala wa, a meeta meeta.

Bu b’zee zor om ho-arad-ro bo ramba. Van tho ry
Van tho ry eta ab gumado, bo ramba.
Ho-hoden voo-voo bu eta-koho : bu eho bur.

Tand-panda lat ;
Bo ramba zor kudu, b’wang zor tand-rand,
Lot tand-vulp. Yato ga ho-kut zor lufo lan.

Première traduction mot à mot, en (bon ?) français

Dans un vert creux une rivière chante.

Montent beaucoup de bâtons, voir peau blanche

Dorée, soleil montagne sommet

Brillant. Petite vallée beaucoup d’étoiles en bas.

Garçon guerrier bouche grand trou tête non voix blesser.

Droit cou dans fleur bleue froide.

Bien se coucher en bas dans feuillage nid lune, nid soleil,

Non sang rouge dans nid vert lumière pluie pluie.

Lui pied dans long beaucoup de fleurs lances se coucher plat bien bouche tordue.

Bien bouche tordue petit garçon malade, plat se coucher.

Beaucoup forêt chanter lui chaud : lui très froid

Non nez bruit,

Plat se coucher dans soleil, main sur non-dos

Visage vide. Voir rouge beaucoup trous côté droit.

Version note de bas de page.

Ce poème apparaît clairement comme une transcription libre de l’Iliade, lue sous un jour mystique à peine voilé. La « rivière qui chante » apparaît au lecteur averti comme un appel de la Nature à soutenir les guerriers, présentés par la métonymie des bâtons nombreux (des lances, à l’évidence), au vers 2. La pureté de leur dessein est désignée par la peau blanche du vers 2, écho coloré au « vert » de la nature. Nature et guerrier sont liés dans un chiasme puissant. A l’argument naturel s’ajoute bien sûr celui de l’argent de Ménélas et des Achéens, représentée par la métaphore de l’or qui ouvre le vers 3. On peut se demander dans quelle mesure le traducteur n’a pas maladroitement associé la peau à l’or, alors que ce sont plutôt les guerriers qui sont menés par l’or (le « nerf de la guerre », AMHA). Le lecteur reconnaît aisément (il peut le cas échéant se rapporter à un atlas, la géographie caractéristique de l’île d’Ithaque, au moment où Ménélas et Agamemnon viennent arracher Ulysse à ses labours. Les "petites étoiles en bas" désignent sans aucun doute le scintillement de la mer Ionienne. Le point de vue adopté est définitivement celui d’Ulysse déchiré entre sa terre, ses racines et son destin de guerrier glorieux, assombri par une triste prophétie (petite vallée/ beaucoup d’étoiles, au moins cinq pour être général).

La deuxième strophe se situe après une mystérieuse ellipse temporelle et suppose un déplacement géographique. On pense d’abord aux murailles de Troie, puis aux rives du Styx. Le "garçon guerrier" est alors Achille travesti en simple soldat, qu’on se saurait confondre avec Stentor « grand trou tête non voix blesser ». Le traducteur a eu manifestement affaire à une scorie dans le texte, et on peut rectifier sans crainte la localisation de la blessure, certainement pas crânienne, mais calcanéenne. Tout à sa douleur, le héros gémit. Les « fleurs bleues droites » évoquent les couronnes que Thétis et Briséis ont tressées pour lui, formant un oreiller sous son corps allongé.

[L’intertextualité manifeste du roman éponyme de Raymond Queneau nous amène à qualifier Homère, encore une fois, de plagiaire par anticipation.]

Dans le premier tercet apparaît le motif du repos du guerrier, mais alors funèbre. Les fleurs qui composent sa couronne mortuaire ont la forme de lances, qui rappellent le passé glorieux du péléide. Le cycle est clos, il redevient petit enfant (lui qui a été trempé dans le Styx), la nature chante son oraison funèbre, son corps est déjà refroidi.

Le premier vers du dernier tercet sonne fort étrangement dans le registre épique, tant il va de soi que le péléide ne ronfle pas ! « Non nez bruit » ! La noblesse de ses traits, son courage et la puissance de sa colère sont en contradiction totale avec un abaissement brutal et incontrôlé du voile du palais, aussi l’amorce de ce vers vient souligner l’évidence. Puis apparaît un seconde rupture de ton qui développe l’horizontalité et la calmitude du lien qui unit l’astre solaire et le héros agonisant. Son « visage vide » n’exprime même plus ce qui l’a caractérisé à travers les âges, « voir rouge », l’hubris vecteur de colère, qui a causé tant d’ulcères (« beaucoup trous côté droit ») à l’auguste Eacide. (Eacide Larsen ?)

1 commentaire:

SanCid a dit…

CCid, grand merci pour cette tranche épique d'humour matinal (et vice versa)!