vendredi 19 décembre 2008

Brise Marine, mi- anagramme mi -beau présent (Cécile)

(même exercice qu'ici)
Sans abri, semé.

Isolé, je louvoie, vissé à la charte,
Barbe rare, rade fini, je dérouille les nervures,
Cil impur, preux à la ride nue,
Fade lustre fielleux, nippe
Mitée, Noël aride, on me disperse, quoi?
L'acédie ne me connait pas, russe mal blanchi.
Hilare, puisque bercé de rêves-freins,
Fils mal loti au jeu, nain
Sur l'épaule, jamais inscrit
Au carnaval imprécateur d'un alcool XO
Il ne décide pas, roule pour lui,
Le héros à l'aile rompue, à l'oeil mouillé ; il cède tout nu
Livré à la stupeur noire, mal ménagé,
Frêle. Que faire? Changer de gang, de ville, ou hop, stop!
Défiler proprement, utile, pas si nul,
Rostre ras, lente mousson de ladres crus.

C

Lettres à disposition :

ACEHIJLORSTUV
ABDEFIJLNORSUVEILMN
ACDEILMNPRUX
ADEFILJNPRSTUVX
ADLEILMNOPQRSTU
ACDEILMNOPRSTU
ABCDEFHILNPQRSUV
AEFIJLMNOSTU
ACEIJLMNPRSTU
ACEILNOPRTUVX
ACDEILNOPRSU
ACDEHILMNOPRSTU
AEGILMNOPRSTUV
ACDEFGHILNOPQRSTUV
ADEFILMNOPRSTU
ACDELMNORSTU

jeudi 18 décembre 2008

Quitter, à la Perec.(Cécile)


Déménager

Déménager quitter un appartement vider les lieux décamper faire place nette débarrasser le plancher inventorier ranger classer trier éliminer jeter fourguer casser brûler descendre desceller déclouer décoller dévisser décrocher débrancher détacher couper tirer démonter plier couper rouler empaqueter emballer sangler nouer empiler rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer enlever porter soulever balayer fermer partir.

Georges Perec



Quitter.

Quitter se libérer d'une obligation laisser en s'éloignant prendre congé laisser pour très longtemps pour toujours se séparer rompre cesser d'habiter cesser d'affecter de blesser cesser d'y être tout à fait s'en aller lâcher prise partir émigrer s'expatrier déménager plier bagage cesser de tenir lâcher tout enlever ôter la dernière peau ne plus continuer se résoudre recommencer.


C


Le farcisseur de texte


Plus une phrase farcie qu'un véritable tir à la ligne. "Tirer à la ligne, c'est, pour un journaliste (ou un écrivain), "allonger la sauce", sans augmenter pour autant 'information : on digresse, on ajoute des adjectifs, on fait long là où on pourrait faire court. Pour qui est payé à la ligne, justement, l'intérêt économique saute aux yeux. L'exercice oulipien du tireur à la ligne est tout autre : il s'agit, en partant d'une phrase de départ A et d'une phrase d'arrivée B, d'insérer une phrase intermédiaire (ou plusieurs) autorisant une fiction plausible. * Variante : le farcisseur de texte, où, à partir d'une phrase initiale, il faut construire un récit de plus en plus ample en ajoutant des mots, des ponctuations entre les mots, en respectant l'ordre des mots, si possible en altérant le sens. Dieu est amour Dieu, cet enfant est un amour Nom de Dieu! Cet enfant est un démon, mon amour!
Abrégé de littérature potentielle, Mille et une nuits, p 60.



Tireur à la ligne N°1 :
C : Pourquoi tant de haine ?
S : Elle demande pourquoi tu refuses avec tant d'obstination de voir sa haine.

A : Elle pense et se demande pourquoi rester ? Partir ? Où ? Tu refuses avec tant d'obstination, qu'elle abdique ... reste et se morfond de se voir si faible. Son inconsistance réveille sa haine pour elle et pour les autres.



Tireur à la ligne N°2 :
S : C'est un trou de verdure où chante une rivière.
A : C'est facile. On fait un trou. On met de la verdure. Là où la hulotte chante, on plante des troènes. Au loin une rivière artificielle finit le décor.

C : Pour faire un tableau qui décorera admirablement le restaurant "le mandarin", à côté des carpes géantes et des bouddhas souriants, c'est facile. On fait un trou dans une plaque de polypropylène teinté, on y met un système électrifié alternatif qui fera harmonieusement scintiller les LEDs prévues à cet effet. Elles simuleront, de leur chatoiement incandescent, la verdure et l'azur du yank-tsé-kiang (enfin, quand il resplendissait encore de verdure et d'azur). Là où nulle hulotte ne pourrait trouver la quiétude, les ondes se précipitent en une cascade qui chante Tanhausser en mandarin, et le grand ingénieur du monde, dans sa grande malice, plante un jardin d'éden, semé de pivoines, de dahlias délicats et d'incongrues haies de troënes et de tuyas. Au loin, une naïade en kimono secoue des rivières de perles noires (artificielles?), s'accompagne d'un
shamisen, instrument à trois cordes synthétique et finit ainsi, acostée par un improbable samouraï mélophobe, dans le décor.

Tireur à la ligne N°3 :

A : La Terre est bleue comme une orange.

C : Le chant de la Terre, interprété par la chorale de Châteauroux, est difficilement audible : la chef de chœur est bleue de peur, comme si elle craignait qu'on lui apporte pas une, mais des oranges en prison.

S : Le Berry était pour lui comme un chant intérieur en jachère. Son amour de la Terre natale lui avait été transmis par le vieux Jacques, un métayer et lointain parent dont le radotage sénile était souvent mal interprété. La plupart du temps, la voix du vieillard était sourde et râpeuse comme un champ avant le labour, mais parfois, sortaient de sa bouche une cascade de paroles résonnant comme une chorale. Jamais il n'avait retrouvé un tel attachement au pays chez les gens de Châteauroux. "Il est bien dommage, se lamentait-il, que pour eux, la poésie de l'araire reste difficilement audible... Seule la mère d'Alphonse - le chef de gendarmerie avec qui il avait été enfant de chœur - est sensible à la mélodie de la fenaison, à la lumière bleue des bocages." Il aimait la douceur simple de la vieille, qui ne n'éprouvait ni de mépris pour le chaulage, ni de peur du croquant. Un peu comme si elle aussi avait grandi dans la boue et craignait qu'on ne lui reconnût pas d'autres racines que citadines. "Le frais du ruisseau m'apporte plus de calme que le tricot, riait-elle quelquefois. Pas de doute." Elle se comparait à une rate née dans le béton mais amoureuse des champs. "Toi et moi, sans les marécages orange, sans les oiseaux dans les arbres, nous nous sentons comme en prison, lui avait-elle dit un jour. Mon gendarme de fils, lui, ne comprend pas ces choses-là." Puis elle avait souri, pensive.

dimanche 14 décembre 2008

Le Dormeur du Val, version mi-anagramme mi-beau présent (Sandrine)




(ici, la définition de l'anagramme, bien que ce texte, à cheval entre anagramme et beau présent, soit plutôt un "beau prégramme")

Mordre la louve


Au „Chiendent torve“
Mordîtes le cou fabuleux d’une louve
Morsure d’un fou loin d’être tendre
Posture non académique emplie de volupté

Jouant des dents à votre convenance brutale
Feignant d’ignorer le cri rauque et bestial
Hilare bêta, douleur stupide
Les turpitudes du monstre vous amusent

La pénétrante agilité du despote malmené
Le tortionnaire faussement détendu
La bête meurtrie cherche à fuir immobile

Prisonnier sans issue, l’animal finit par se taire
Son mal détrempe tes appétits de mort
Son silence languissant déçoit ta cruauté


Lettres à disposition

titre: ADELMORUV

Strophe 1:
ACDEHINORTUV
ABCDEFHILMNORSTUX
ADEFGILMNORSTU
ACDEILMNOPQRSTUV

Strophe 2:
ABCDEHFLNORSTUV
ABCDEFGILNOQRSTU
ABDEHILNORSTU
ADEILMNOPRSTUV

Strophe 3:
ACDEGILMNOPRSTU
ADEFILMNORSTU
ABCDEFHILMNORTU

Strophe 4:
AEFILMNOPRSTU
ADEILMNOPRST
ACDEGILNOQRSTU

vendredi 12 décembre 2008

Dormeur du Val météorologique. (Cécile)


Dépression localisée, ondées passagères. Températures localement inférieures à zéro, risque de verglas. Plus tard, belle éclaircie. Ciel dégagé.

Dans l'après-midi, temps clair, averse très localisée, puis ciel de traîne avec pluie et soleil (arc-en-ciel à prévoir).

Baisse brutale des températures.

Temps toujours sec et agréable. Ciel calme. Présence possible de la foudre, sur des régions extrêmement localisées (nord-nord-est).

jeudi 4 décembre 2008

Chrono-haïku du Dormeur du Val (1870) - Sandrine


Le Dormeur du Val réduit en haïku selon le principe du chronogramme, où les lettres I, V, L, C, D et M sont prises pour leur valeur en chiffres romains (soit respectivement 1, 5, 50, 100, 500 et 1000). La somme de ces lettres équivaut à l'année de rédaction du poème par Rimbaud (1870).

***


Verdure et rivière
Sur un cresson bleu lumière
Ci-gît en un val


soit


5+500+1+5+1 (512)

100+50+50+1000+1 (1201)

100+1+1+5+50 (157)

mercredi 3 décembre 2008

Haïkaïsation du Dormeur du Val (Sandrine)



Une rivière, des haillons
La montagne fière qui mousse de rayons.

Tête nue, cresson bleu
Sous la nue où la lumière pleut.

Souriant comme il fait un somme :
Chaudement il a froid

Sa narine ; sur sa poitrine
Côté droit.

Haïkus du Dormeur du Val (Sandrine)


Dans un trou tout vert
Soldat jeune au cresson bleu
Avec deux trous rouges


De l’eau les haillons
Bercent le jeune soldat
Qui se meurt tranquille


C’est dans la verdure
Il est étendu dans l’herbe
Il a deux trous rouges


Il dort et sourit
Malgré le froid de son lit
Soldat si tranquille


Rien aucun parfum
Mais un sourire d’enfant
Du val les rayons


Autour que du vert
Tête nue dans le cresson
Côté droit du rouge

mardi 2 décembre 2008

Haïkaïsation de Brise Marine de Mallarmé (Ande)



Les livres sont ivres
Les cieux par les yeux
Se trempent.
Ma lampe défend
Son enfant.
Ta mâture nature
Par les cruels espoirs
Des mouchoirs,
Invitent les orages
Sur les naufrages îlots,
Le chant des matelots.

lundi 1 décembre 2008

Brise marine : cuisine (Cécile)


Brise marine

Viande pas trop faisandée. Prendre livre inédit. Ne pas quitter la cuisine, choisir une poularde sobre, écumer le bouillon.
Ne rien ajouter, ni fines herbes, ni abats mouillés au gros sel ni trempés la nuit.
Bien allumer un feu assez vif, défaire le papier qui emballe la poularde, pocher dans le lait. Retirer dès que la poularde pointe ses ergots hors du lait.
Ajouter alors les ananas.
Ne pas mollir, réserver dans une étamine de fine baptiste.
Agiter avec des baguettes pour attendrir le bouillon.
Servir avec un chaud froid.
En dessert, île flottante et mikados.
Musique : chants de marins (bretons).

Lipossibles contestables (Cécile)


Penche/ pêche : lipossible en -n tentateur

Puissant/ pissant : lipossible en u prosaïque et bling bling.

oiseaux/ oiseux : lipossible en -a futile.

Avions (Cécile)


On ne badine pas avec l'amour
> On n'aime pas.

Fitzgeraldo
> Zero

Anna Karénine
> A! Nana!

Les fleurs bleues
> Les leurs

La disparition
> Last on(e)

Cris et chuchotements
> Crise, chute : mens.

Le baiser de la femme araignée
> Le bas de ma reine

Madame Bovary
> Adam, Boy!

Les liaisons dangereuses
> Lis, gueuse *



*spéciale kassedédi Jean Val-que.

Chicago littéraires (Cécile)


Fibre colline
Ligament défilé
Muscle ravin
Tendon cluse

Et saindoux
Mais suif
Or adiposité
Ni lard

Antigone des farfalle
Antigone des linguine
Antigone de la lasagne
Antigone du vermicelle

Chic du vent
Girond du feu
Mignon de l'eau
Séduisant du fer























Solutions : Nerval. OULIPO. Antigone d'Anouilh. Baudelaire. (Fastoche)

Deux Haïkus de Brise Marine de Mallarmé (Ande)



La chair des oiseaux
Reflète la clarté vide
Adieu ! Vents fertiles

J’ai lu tous les livres
Et un ennui désolé
Penche sur mon cœur

Haïku du Dormeur du Val (Ande)


Un jeune soldat
Dort allongé sous la nue
Côté droit troué

Double haïkaï du Dormeur du Val de Rimbaud (Ande)



C’est une rivière
Accrochant des haillons
D’argent, fière
Luit des rayons.

Un soldat nu
Et bleu
Dort ! La nue,
Pâle, pleut.
Les pieds sourient comme
Sourit en somme
La nature froide !

Les parfums en sa narine
Il dort sur sa poitrine
Tranquille, droit.