vendredi 28 février 2014

Textée d'Estelle (Cécile)



Tu vas voir ce que tu vas voir, je vais t'en faire
voir de la série noire, et dès demain, tiens.
Je t'en ferai, de grands petits mini bouts d'fer
ô chère ô douce que dans tes bras je deviens

Mains, bras, jambes, sexes inertes tout est de fer
et tout en toi me trouble me hante et revient
en vague le désir de briser, de défaire
ton corps mignon, de barder de fer tes beaux seins.

Je souffre affreusement, or ne me manquent
Ni l'or du soir qui tombe en dorant le conin
ni le jour dans l'alcôve où tu joues un enfer
Voici pour oreiller des fruits en or, non faint.

(le texte source de la textée sera rendu public quand tout le monde aura rendu sa copie)

Demi-conversation 1. (Cécile)


Sur une idée d'Estelle.

Elle et lui, une vingtaine d’années
Lui : C’est moi, passe me voir ce soir, ça va pas du tout, je débloque complètement je vois tout en noir en plus y’a plus d’électricité chez moi à cause de la tempête.
- Je peux vous proposer une offre « dolce vita », et un dépannage hors forfait après 17h, jours fériés inclus, veuillez prendre rendez-vous avec l'un de nos agents.
-Oui, s’il te plait, j’ai été seul toute la journée je vais péter un câble ça fait une semaine que t’es pas venue…
-Vous avez souscrit une offre Dolce Vita et pris l'option « huit et demi », aussi nous avons le plaisir de vous proposer un rendez-vous hors forfait et libre de tout engagement.
-Je commence à douter sérieusement de tes sentiments tu fais aucun effort pour que ça casse pas entre nous !
-Je n'ai pas compris votre réponse, veuillez appuyer sur la touche étoile pour revenir au menu, ou accédez au menu cinéma à la demande en actionnant la touche dièse.
-Ca va casser entre nous je te dis, qu’est-ce que ça te coûte de venir me voir !
-Pour « la philosophie dans le couloir », appuyez sur la touche 1.
-Parle plus fort je n’entends pas ce que tu dis.
-Pour  « Huit semaines et demi », appuyez sur la touche deux. Pour « la revanche d'une rousse », appuyez sur la touche 3.
-Avec Bruce, c’est qui Bruce l’autre con chez qui tu dois dormir ?
-Pour « Trois doigts à Izmir », appuyez sur la touche 4.
-Merde, je sens que je vais envoyer valdinguer ce téléphone.
-Désolée, je n'ai pas compris. Veuillez reformuler votre demande.
-Je suis innocent, c’est Louis qui a tout manigancé je suis resté dans la voiture ce soir-là…
-Vous avez demandé « Ma fourrure c'est de l'alpaga ». Ce film n'est plus disponible à la demande.
-Tu te plains sans cesse d’être fatiguée c’est du cinoche.
-Pour « Au secours j'ai perdu les mioches », appuyez sur la touche 5. Attention, ce film n'est disponible qu'en version chinoise.
-Je t’avais dit d’arrêter ce sport.
-Pour les chaines « sport », « hockey », « curling », veuillez contacter notre agent commercial.
-Tu as pensé à moi avec ton masque ?
-De catch? Oh. Tu m'as reconnue. Tu sais, la voix métallique, c'est mon masque de fer à moi, hein.
-Tu peux pas t’en passer une nuit ?
-Non. Le masque de fer... sous des doigts de velours. C'est doux tu sais...
-Alors finalement ce n’est pas la peine que tu viennes, je vais mieux…
-Tu ne veux pas regarder « Trois doigts à Izmir avec moi » alors ?

mercredi 26 février 2014

La demi-conversation (Sandrine)






Le jeu commence par la rédaction d'une moitié de conversation téléphonique. Le joueur 1 l'écrit en tentant que les répliques soient le plus polysémiques possible (ici, ce sont les répliques en gras, suggérées par Estelle). Le joueur 1 soumet alors son texte aux autres joueurs qui imaginent l'autre moitié possible de la conversation, soit ce que dit l'interlocuteur au téléphone. 



-         Salut ! C’est moi ! Désolé de te déranger en pleine nuit, mais ça y est ! J’ai enfin trouvé le moyen de révolutionner l’alexandrin !


-         Tu es malade !


-         Pas du tout ! Je viens d’inventer l’alexandrin… à douze syllabes et demi !!


-         Ça va faire du bruit.


-         Tu l’as dit ! Une sorte de deuxième révolution copernicienne, je te jure ! Si avec ça j’ai pas mérité mon habit vert…


-         Vert ?


-         De l’Académie, tiens ! Ecoute un peu cette merveille : « C’est ton propre flambeau que tu vi-ens de souffler »


-         Il est brillant…


-         Et comment ! Semi-diérèse du « i » … des mois que j’y travaille. Je vais enfin pouvoir présenter ma trouvaille au Docteur Bénabou.


-         Quand passes-tu à table ?


-         Pour l’instant, sa secrétaire me dit qu’il est très occupé. Ah, je suis pressé de lui tirer des larmes avec mon petit truc en plus…


-         Ah, le pied…


-         … le demi-pied ! Dis, pour être sûr, le Docteur Bénabou, sur la photo dans ton bureau, c’est bien celui habillé en Schtroumpf ?


-         C’est ça, c’est le bleu.


-         Formidable ! Au fait, s’il me coopte à l’Oulipo, faudra reparler de tes honoraires..


-         Je les double.


-         Tu plaisantes ? Et si je refuse la multiplication par deux ?


-         Trois.


-         Quoi ? Tu les triples ? Mais ça ne va pas la tête ? Demande-moi de vendre mon génie au grand Capital, pendant que tu y es…


-         Mon trésor.


-         Ah n’essaie pas de m’amadouer. Tu ferais mieux de réfléchir à qui on demandera de rédiger la préface de mon « Anthologie de la poésie classique désaxée » quand les éditeurs se l’arracheront. Une grande plume…


-         Je cherche, je ne fais que cela.


-         Oui bah pour l’instant, tu ne m’as pas tellement soutenu. Si ça ne tenait qu’à toi, l’alexandrin de douze pieds et demi, on l’attendrait toujours. Pareil pour la comédie en deux actes ou la métaphore sans…


-         Là tu pousses.



-         Pardonne-moi. Je suis tellement excité d’avoir mis le doigt sur quelque chose de si énorme. Pourvu que le Docteur Bénabou me reçoive avant qu’un autre ait l’idée, sinon c’est, c’est…


-         C’est le cirque.


-         Exactement !


-         Je dois raccrocher.


-         Attends, je ne t’ai pas encore parlé de mon octosyllabe à sept pieds… allô ? allô ?





















dimanche 2 février 2014

GLOSSAIRE à la Leiris (Estelle)





Adolescent : as de l’indolence, insolent et lassant.
Amusant : usant l’âme.
Attente : la hâte te hante.
Automne : moment mou, ode à l’homme atone.
Calme : Le lac au palmier. L’âme du lac.
Danger : les dents de l’ange.
Définitions : défis censés faire sens.
Dépression : se déprécier.
Echarpe : échappe à la charpie de l’hiver.
Ecouteur : découpe la peur.
Enfance : danse de faons.
Eté : éthéré et entêté.
Etrange : être ange, l’être qui dérange.
Famille : mailles infinies, failles infimes ou mille-feuille mouillé.
Fenêtre : naître à la fermeture.  Etre « fun ».
Firmament : les filaments de la mer, l’amer défi de l’amant.
Folie : fée liftée.
Hiver : évier vide.
Incapacité : un cas pas cité, un « cap » d’opacité.
Impatiences : pincent sciemment.
Injustices : tissent le jus du joug.
Insomnies : la somme des ennuis, en somme.
Innocence : non-sens.
Jalousie : jolies louves lasses ; elles y jouent.
Lampadaire : air pâle et lent.
Livre : j’arrive à la rive.
Magasin : maison de gaz, pour gamins.
Maquillage : moqueries, camouflage de l’âge.
Manège : ma neige, magie des nuages.
Menteur : l’heure de l’amante, la moite heure…
Orage : orge rare.
Oxygène : occis et gêne (surtout raréfié).
Peureuse : peu heureuse.
Printemps : rien qu’un pré timide et simple, un sentier dense.
Portable : pale partage, on table sur l’importun.
Provisions : visions de pauvres.
Respiration : répit en action.
Rose : ose l’irisé.
Sourire : source tarie ? Source de soucis ou réussite ?

Stupre : stupeur de sucre.