mercredi 5 décembre 2012

Petite boîte de musique (Sandrine)



Doux pour tromper tout doux
Après ça titille et mord
Et insidieux "olé" en nous
John Coltrane
Assaillis petit à petit
Sans jamais en réchapper

John Coltrane, olé en enfer (Sandrine)




Petits, tout petits pas
Le pas du faux-filet
A l’anglaise

Les talons
Marquent marquent la mesure
Rayent raillent
Le parquet du vice

Froufrou rouge du jupon
En frôlement du pantalon

Les talons cliquettent
Cliquettent sur le bois clair
De jambes qui s’élancent, s’enlacent

Pour lui le cheveu plaqué
Corset de cirage enserre le cuir du crâne comme de la chaussure
Regard d’un œil crevé tourné
Vers ailleurs
Dans la musique

Cette putain de portée
La flûte qui grince
Soulève

Elle
Virevolte au sol
Le froufrou frôle
Le froufrou le ramène
Au creux de l’étoffe
Dont on fait les cliquetis musicaux

Elle s’arque boute sous la morsure du saxo
Qui veut la pénétrer
Son sexe se fait laiton

Il perd 
pied

Dégouline roule le long de son col
Amidon

Les talons cliquettent
Les semelles se détachent des corps
S’échappent
L’espoir d’un piano
Blanc noir
Noir noir blanc
Note-ecchymose

Le vent n’a pas de couleur
Le rythme trépane
Et transporte
Quand la transe se fait devoir

Le parquet s’efface
Sous le cliquetis
Incessant rituel d’éternité

Tombent aussi les murs, aussi tombent

De craie, retourne à la craie
Crisse et hurle

Les rideaux s’enflamment
Les vitres, le miroir sardoniques
Les éclats d’un rire en zébrures

Rien ne sert de se débattre
Ce bois sera bûcher

Les talons entêtants d’une elle au passé

Il tourne
Gémit du violon
Craque la corde, sa dernière
Envolée

Elle geint
Bruit de gorge pour l’Humanité qui fait comme si de rien

Pourquoi les trains suivent leurs rails
Les montrent décomptent le tempo pour quoi

Griffure et sang
Encornée sur un manège infernal
Le froufrou écartelé

Lui aveuglé par le cuivre
Oua oua se désosse
La chair infusée

Flammes Flammes

Deux petits, tout petits tas
De cendres

dimanche 2 décembre 2012

Coltrane, Olé (Cécile)


Ça tape tape tape tape
La couleur comment tu veux la trouver là dedans

Ça tape tape tape ça fait de la retape tape tape
La couleur alors couleur espagnole
La couleur peu profond
Ça veut dire la couleur rouge c’est le sable blanc c’est le blanc qui tourne tourne
Tape tape sur la tête et finalement
C’est le rouge la peau brûlée complètement
Brûlée partout
Brûlée par les mille trous de l’éponge qui ne soigne pas alors
Mettez du vinaigre ça désinfecte
Ça brûle brûle brûle brûle tout ce blanc
A supposer qu’on tape, mais pas trop vite
Le tapuscrit
Alors on tape tape tape tape des mots sans suite
On tape tape tape des mots qui se rangent
Noir la couleur des étoiles sur fond blanc
Noir finalement prend toute la place

Si on ne désinfecte pas ça devient noir vous savez
Même si la brulure semble peu profonde
On ne sait jamais très bien, elle peut très bien revenir
Même des années plus tard,
Même après le blanc qui envahit
La mémoire
Et ça tape tape tape tape quand elle revient au galop des petits chevaux noirs
Sur le papier rangés
Mais rouge vraiment ça brûle tout à coup
Ou l’huile d’olive aussi ça calme bien, ça répare
Ça vous retape le derme
Mais alors le sable sur ce rouge c’est du sel dans la plaie
Des petits cailloux dans la mémoire qui ne l’aident pas à se retrouver, non
 Elle revient sans qu’on l’invite
Elle tape tape vite sous les tempes
Elle entre sans frapper
Elle ne s’essuie pas les pieds au seuil du souvenir

Vous avez essayé la Biafine ?
Le sang bat bat bat sous le rouge sous le blanc
Le noir si on l’inscrit il assombrit la population
Le noir est peu profond,
Le noir calamine, calomnié, le noir graphite,
Le noir du si peu profond ruisseau calamine cassée,
A la fin, au fond il faudra bien que je me mine
Les couleurs de Coltrane ça me tape tape tape dans les nerfs
Ça ne coule pas du peu profond ruisseau qui fait les grandes rivières
C’est le contraire
C’est la queue du saumon qui tape tape tape  et remonte
La mort.

lundi 12 novembre 2012

La note (Ande)


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Sur la musique de John Coltrane « Olé » (18minutes et 19 secondes)

La Note (Ande)

Révolution
Du son, fluide,
John William
A le don, essentiel

La Note, voltige
Bleue, sublime
Sonne, raisonne
Rythme, Tempo

Saxo, be-bop, le train de nuit
Note tenue, Note tendue
Libre et pourtant contrainte
Elle vibre
Dans l’air

L’espace à soi pareil qu’il s’accroisse ou se nie
Trane l’a abolit
Son, rythme, Tempo
Sa musique a du génie

Le fil invisible
Piano
Point, virgule, trois petites notes
Restent en suspend

Souvenirs de Caroline
Du Nord
Enfance
Libre et pourtant contrainte

La Note noire et pourtant
Espagnole, file, file, Olé
Fête l’abolition
Pas d’inanité sonore

Juste le Djinn
Du Jazz
Free - libre
1967, il prend son vol

L’espace se rétrécit
Miles poursuit.

Stance infernale (Ande)



A supposer que tu me verses
Le bel Alpha tout abyssal
Etrange son fondamental
De la nuit blanche tu traverses

A supposer que tu disperses
L’éternel discours ancestral
Un mot, un signe cardinal

Sous le voile l’Alexandrin
Demeurerait geste assassin
D’écrire le désir rassure

Sur les murs de la pensée pâle
De blanches traces pour conclure
Sombre vision Verbe fatal

Logique infernale (Ande)


Toujours avec l’espoir de pouvoir adoucir
Par les marches abolies de la rime impériale
Jusqu’aux sombres visions issues du commun désir
Le Verbe éternel surgit la portée lexicale

Sans doute la parole jalouse d’un doux élexir
Las de l’attente sacrée d’une suite fatale
A jamais blottie dans l’infini souvenir
De l’insolite éclat de sa désignation pâle

La nuit blanche surgit d’un trou noir abyssal
Plane sous le voile nu d’un sourire fractal
Aucun mot, aucun son, que l’on ne puisse écrire

Hélas, en filigrane d’un songe magistral
Entrave la parole et le geste de dire
Sur les murs nus du vide fondamental

Monostique paysager (Ande)


Les volets de mon cœur espace de mes rêves.

vendredi 31 août 2012

Quatrine synesthésique (Cécile)


Quatrine
Acre âpreté de vomi dans la gorge
Griffée par une panthère Zorro
L’amande douce de la colle Cléopâtre est ici contradictoire
Imprimé dans l’oreille le ricanement des hyènes

Plein le nez de la fange de la France forte
Le bruit et l’odeur
Ça vous picote les doigts de tirer sur les croûtes qui
Fondent sous la langue comme un bonbon amer

Ça chatouille les doigts et je reste polie
Rétro-olfactive sur les papilles la francfort grasse
On n’entend plus rien que le silence, là, c’est fini,
Plus que le remugle de l’autodafé refroidi

La bouche a disparu muette enfin
Le nez a disparu mais pas les miasmes
Ça vous laisse un relent de poubelle derrière les dents jusqu’à la moitié du palais
Toutes ces scarifications caressantes

La quatrine est une n-ine de quatre strophes. Ici le sens de la vue disparait, pour écrire à partir d'une photo (pendant l'atelier retraitée en noir et blanc). Il est remplacé par les quatre autres sens.

jeudi 30 août 2012

Huitain combinatoire (Cécile, avec Dorothée)


Huitain combinatoire

Tube d’acier
Des grilles fermées prairie
Ruban rouge
Par les grandes lettres brunes vieillies
En enfilade le fatras
Peut forcer la grille floue un peu
Cadre extérieur jour
Par transparence qu’on ne traverse pas


La contrainte : pendant l'atelier de FF/ Hermance Triay, nous avons écrit un huitain combinatoire : chacune écrit un quatrain, puis le donne à sa partenaire, qui le complète d'un  autre quatrain intercalé; j'ai écrit les vers 2 4 6 8 en travaillant à partir de ma photo, Dorothée a écrit les vers 1 3 5 7 en s'inspirant de sa photo. Le résultat est un poème à quatre mains qui n'est pas une illustration de la photo, mais alors pas du tout. Et pourtant...

samedi 18 août 2012

« Madame » par Otto Dix (Sandrine)

 
http://www.vertetplume.com/blog/wp-content/uploads/2011/01/Otto-Dix-Leonie-1923.jpg
 
 
 
couvre-chef populaire    gouaille enrubannée  plume triste
 
bord large
 
chevelure défraichie   mèche terne     front veiné
 
sourcil épilé
 
basse-fosse myope   nez piqué    désir fangeux
 
vérole vénale
 
Souvenir d’Otto Dix
Sans fard voir
Et montrer
En vrai
La guerre enlaidit
Pour toujours
 
couleurs criardes    odeurs bruyantes   vétérans déshumanisés
 
peinture révolutionnaire

mercredi 1 août 2012

A supposer - photographie à l'aveugle (Sandrine)


A supposer qu’on me prie de vous décrire un cliché de mon cru, pris au hasard, il y a quelques instants, dans une rue commerçante du centre ville de Bourges – cité de la région Centre qui, au passage, mérite le détour, notamment pour ses constructions médiévales en pierres claires fort bien conservées, parmi lesquelles le Palais Jacques Cœur ou encore sa cathédrale Saint-Etienne que je qualifierais – et vous me passerez ce mot un tantinet éculé – de « joyau de l’art gothique » - si, donc, l’on me demandait de vous parler de cette photo, je commencerais par apporter une précision qui a tout de même son importance puisque ce qui suit est susceptible d’en décevoir certains parmi vous, je dirais donc avant toute chose – et ceci est une mise en garde – qu’il s’agit en réalité d’une photo que moi-même je n’ai pas encore vue et dont je ne saurais par conséquent garantir l’existence (car la consigne stipulait bien qu’il fallait refermer l’appareil sans ni avoir regardé dans le viseur, ni jeté un œil à l’écran) donc, pour en revenir à ce qui nous intéresse – ma photo, suivez un peu ! – je suppose qu’elle est traversée, oui, littéralement traversée par une dame assez âgée - que d’aucuns n’hésiteraient pas une seconde à appeler « petite vieille » tant il est  vrai que le respect est une denrée en voie d’extinction-, or cette personne, si je dis qu’elle doit « traverser » l’image, c’est que la photo a été prise en marchant, à hauteur de cabas – car je peux me vanter d’être plus grande que mon personnage d’une bonne dizaine de centimètres à vue de nez et que je tenais mon appareil aux alentours de ma hanche droite, soit quasi exactement, donc, à la hauteur de son coude replié pour caler son sac dans la montée – car, oui, j’ai oublié de préciser que la rue était en pente et que la dame de la photo la remontait tandis que moi, je déambulais en sens inverse - vers le bas de la ville, donc (grosso modo en direction de la gare pour ceux qui connaîtraient les lieux) en quête d’un motif pour cette photo « surprise » (entre guillemets, s’entend) à prendre sur le vif – mais nous en étions donc à son cabas calé dans son coude, pour pouvoir je crois tirer cette autre forme de panier, à roulettes, bien utile aux personnes âgées pour transporter des colis lourds, quoiqu’une idée me vienne en écrivant ces lignes et je m’en vais vous la confier : il se peut fort qu’eu égard au mouvement global de la scène – le sien ascendant, le mien descendant, à des vitesses différentes – nous nous soyons croisées sans que sa silhouette ne s’imprime dans le champ de la photo, auquel cas cette dernière figurerait alors un pan de rue pavée avec une banque ayant choisi un rongeur pour logo, éventuellement le pare-choc d’un bus qui arrivait là, mais aussi, je l’espère, au moins un coin d’imperméable ou de gilet crème sur une robe à fleurs dissimulant peut-être un bout de jambe gainée d’un bas de contention.

dimanche 22 juillet 2012

haiku dans le viseur (Sandrine)



La vie devant soi
Ils sont venus sont tous là
Aujourd’hui seul compte






Térine aux graines de Bourges (Sandrine)


Ses joues, son front, blancs
Son cœur : noir
Elle n’a même pas mal
 
Elle n’a même pas mal
Dans son rhum blanc
Et son manteau noir
 
De haut en bas autour du noir
Elle n’a même pas mal
La balle était à blanc

jeudi 8 mars 2012

Homophonie approximative (Cécile)

Homophonie de "Ian Monk et ses outsiders".


Le jeu du clavecin bien trempé.

Liliane trouve que son prénom est ringard. Liliane trouve son nez trop grand. Liliane trouve ses fesses trop larges. Liliane a décidé d’écrire elle même un livre de régime à sa manière. Comme dans « Peau d’Ane », il y aura une recette du cake d’amour (mais sans gluten parce qu’elle est allergique), comme dans « Cendrillon », une recette de Smoothie orange pour rapetisser le pied, et le nez, et la fesse (note Liliane in petto), et le prénom aussi. De Liliane, un trait de Smoothie, on devient Liane. Héhé, astucieux. Une liane avec de grosses fesses, ça n’existe pas. Elle ajoute sa recette personnelle, qui n’a rien à voir avec les princesses. Une recette de sandwiche sans club et sans salade, mais avec saucisse ET jambon. Il n’y a de bon que ces moutardes beurre. Liliane a testé opiniâtrement toutes ses recettes. Elle a recommencé neuf fois le cake d’amour pour trouver l’équilibre idéal (a avalé deux fois la bague trop bien cachée). Heureusement, à force de persévérance et par les voies impénétrables de Meetic, Liane a trouvé l’amour. Preuve est faite que le cake d’amour c’est pas du poulet. Pas du poulet bon marché, mais aux hormones, aux phéromones, si. Pour la dépanner, pas moins de trois coquelets anonymes sous pseudos conformes. Liane banque et c’est sous l’ardeur.

mercredi 7 mars 2012

Miss Plouk Town (Cécile)


Ian Monk et ses outsiders met en musique Miss Plouk Town ici.
On trouve le texte de Miss plouk town ici.

 


Ben encore un roman introspectif à Lausanne
Ben encore une nouvelle scène de ménage à Marseille
Encore un recueil de poèmes culcul à Bogota
Encore on s’insulte dans la cuisine à Paris
Encore une bouteille de champagne au souffre à Londres
Encore une mercerie remplacée par une banque à Bourges
Encore un plat de côtes brûlé à Vierzon
Encore trois heures de colle qui se perdent à Metz
Mais vraiment rien de tout ça à Beyrouth
Les immeubles s’effondrent comme des châteaux de coton à Beyrouth
Les immeubles te cachent le Mont Blanc rose à Lausanne
Les immeubles se transforment en crêpes blanches en musées modernes à Metz
Les immeubles cachent de la came de la coke à Marseille
Les immeubles croupissent derrière la voie ferrée à Vierzon
Les immeubles on leur voit le crâne en métro à Bogota
Les immeubles se déplacent de la chancellerie au val d’Auron à Bourges
Les immeubles sont chics ou pas à Paris
Mais vraiment rien de tout ça à Londres
On boit de la bière et du stout bien sûr à Londres
On boit du thé blanc en fumant du tabac à la pomme à Beyrouth
On boit trop on dégueule la nuit dans les cheveux et le trottoir à Paris
On boit pas à Lausanne t’es fou  sinon ton voisin te dénonce à Lausanne
On boit plus que ce qu’ils disent à l’INPES à Bourges
On boit de la bière qu’est-ce que tu crois qui s’appelle du spilz ou du pschitt à Metz
On boit du thé avec le petit doigt décollé de la tasse dans les salons de Bogota
On boit de la tisane quand on se fait chier à Marseille
Mais vraiment rien de tout ça à Vierzon
Nous avons des mecs louches habillés en jogging blanc à Vierzon
Nous avons des écureuils trop mignons dans les parcs à Londres
Nous avons des promesses de vote en hausse à Marseille
Nous avons des immeubles de toutes les couleurs à Beyrouth
Nous avons des miettes du plat de côtes dans les cheveux à Bogota
Nous avons une bouteille de champagne sous le crâne à Paris
Nous avons des maisons de qualité à Metz
Nous avons des murs insonorisés dans la cuisine à Lausanne
Mais vraiment rien de tout ça à Bourges
On dit bonjour à la dame à Bourges
On dit le printemps ne va pas tarder à Vierzon
On dit que les hommes battus ça existe aussi à Lausanne
On dit je t’aime je t’aime à Londres
On dit on baise alors à Metz
On dit trop cong trop cong à Marseille
On dit j’ai trooop besoin d’vacances à Paris
On dit salaam halicoum halicoum salaam à Beyrouth
Mais on dit rien du tout à Bogota
Tu vois les dents pointues en verre cassé sur la crête des murs à Bogota
Tu vois tu vois pas comment ça va à Bourges
Tu vois des arabesques pas que pour décorer à Beyrouth
Tu vois le canal plein de boue à Vierzon
Tu vois les valises mauves sous les yeux à Paris
Tu vois le Mont Blanc rose juste là à Lausanne
Tu vois le bleu le bleu le bleu à Marseille
Tu vois la ville allemande la ville française à Metz
Mais vraiment rien du tout at all à Londres
Tu vends des paperbacks devant Penguin à Londres
Tu vends des mangues mais c’est pas la saison à Bogota
Tu vends ton cul à Metz
Tu vends et tu achètes et tu recommences à Bourges
Tu vends des clopes de contrebande à Marseille
Tu vends des mots et du vent et de la fumée à Beyrouth
Tu vends la ville ancienne par petits lots à Lausanne
Tu vends de la musique contemporaine pour petite formation à Vierzon
Mais rien de tout ça, pas à Paris.

dimanche 5 février 2012

Transdution du dimanche 21h (Cécile)


La transduction culinaire

Utiliser des pâtes courtes avec des sauces simples pour commencer.
Taper dans vos mains la pâte molle pour suivre la recette et inviter les enfants à faire comme vous.
Commencer à laminer une pâte plate et laisser les enfants la terminer.
Pour débuter, laminer lentement pour permettre aux enfants l’aplanir les pâtons.
Attendre quelques secondes à la fin de chaque laminage pour laisser la chance à la pâte de reposer un peu, si c'est encore possible.
Ajouter des crans reliés aux numéros de laminage.
Imager la pâte cuite si possible. Remplacer la pâte par un animal. Suivre avec l’imagination ce qui permettra aux enfants de nommer quelques animaux dans le laminoir.
On peut demander aux enfants d'imiter un seul animal laminé ou un seul cri.
Répéter, répéter et répéter le même laminage. Comme dans tout, les enfants apprennent en laminant les mêmes pâtes, les mêmes animaux, plusieurs fois.
Laisser les enfants laminer  eux-mêmes un chat. Même si on chante Petit Poisson Rouge au félin, ce n'est pas bien grave. On stimule la cruauté chez les enfants et ils sont intéressés puisqu'ils ont choisi eux-mêmes leur chat.
 

Transduction du vendredi 21h (Patrick)


Même exercice que précédemment.

Utiliser des armes légères avec de simples mannequins pour commencer.
Taper des godillots pour suivre le rythme et inviter les enfants à faire comme vous.
Continuer à mains nues et laisser les enfants les terminer.
Pour débuter, taper lentement pour permettre aux enfants de bien voir.
Boire une canette à la fin de chaque épreuve pour laisser la chance aux enfants de rattraper leur retard.
Ajouter quelques explications aux gestes.
Mimer les gestes si possible. Remplacer les mannequins par de vrais civils. Indiquer du menton le civil choisi ce qui permettra aux enfants de se grouper sur lui.
On peut demander aux enfants d’aller plus ou moins vite.
Changer, changer et changer de civil. Comme dans tout, les enfants apprennent en répétant les mêmes gestes, plusieurs fois.
Laisser les enfants choisir eux-mêmes une cible. Même si on chante Dieu est amour en pleine guerre, ce n'est pas bien grave. On stimule le langage chez les enfants et ils sont intéressés puisqu'ils ont choisi eux-mêmes leur victime.


samedi 4 février 2012

Petite transduction du vendredi soir 21 h (Sandrine)

 



Le texte original, c'est ici.

1) Version petite fille:

Utiliser des cheveux longs avec des atours simples pour commencer.
Taper sur vos joues pour donner de la couleur et inviter les petites filles à faire comme vous.
Commencer un pas et laisser les petites filles le terminer.
Pour débuter, marcher lentement pour permettre aux petites filles de saisir toutes les subtilités de la femme-objet.
Attendre quelques secondes à la fin de chaque battement de cils pour laisser la chance aux petites filles d’affûter leur sourire niais si elles le désirent.
Ajouter des gestes reliés aux battements des cils.
Imager la princesse si possible. Remplacer le personnage de conte par une icône télé. Suivre avec la télécommande à la main ce qui permettra aux petites filles de nommer quelques mannequins dans leur anorexie.
On peut demander aux petites filles d'imiter une seule pin-up de la magazine ou une seule star.
Répéter, répéter et répéter les mêmes idées reçues sur l’éternel féminin et autres stéréotypes. Comme dans tout, les petites filles apprennent en répétant les mêmes poses, les mêmes rires bêtes, plusieurs fois.
Laisser les petites filles choisir elles-mêmes leurs vêtements. Même si on chante « I’m a Barbie Girl » à onze ans, ce n'est pas bien grave. On stimule la séduction chez les petites filles et elles sont intéressées puisqu'elles croient avoir choisi elles-mêmes leur style.

2) Version extrême-gauche:

Utiliser des idées révolutionnaires avec des mots simples pour commencer.
Taper dans vos mains pour suivre le rythme et inviter les prolétaires à faire comme vous.
Commencer une révolte et laisser les prolétaires la terminer.
Pour débuter, lancer lentement le premier pavé pour permettre aux prolétaires de saisir tous les mouvements.
Attendre quelques secondes à la fin de chaque cocktail Molotov pour laisser la chance aux prolétaires de répéter le mouvement s'ils le désirent.
Ajouter des guides reliés aux mots des chants révolutionnaires.
Imager le chant si possible. Remplacer le patron-voyou par une image. Suivre avec le majeur dressé ce qui permettra aux prolétaires de reconnaître quelques personnages historiques dans le chant.
On peut demander aux prolétaires de ne suivre qu’un seul penseur de la Révolution ou un seul guide.
Répéter, répéter et répéter les mêmes chants. Comme dans tout, les prolétaires apprennent en répétant les mêmes gestes, les mêmes paroles, plusieurs fois.
Laisser les prolétaires se coltiner eux-mêmes une manif de fafs. Même si on chante l’Internationale à douze, ce n'est pas bien grave. On stimule la combativité chez les prolétaires et ils sont intéressés puisqu'ils ont choisi eux-mêmes leur ennemi de classe.

3) Version extrême-droite:


Utiliser des idées courtes avec des mots simples pour commencer.
Taper sur vos voisins pour suivre la masse et inviter les électeurs à faire comme vous.
Commencer un slogan et laisser les électeurs le terminer.
Pour débuter, haranguer lentement pour permettre aux électeurs de saisir tous les slogans.
Attendre quelques années à la fin de chaque campagne électorale pour laisser la chance aux électeurs de répéter le slogan s'ils le désirent.
Ajouter des gestes reliés aux leitmotivs des discours.
Imager la litanie genre France éternelle si possible. Remplacer la France par une image. Suivre avec le bras ce qui permettra aux électeurs d’insulter quelques étrangers dans la rue.
On peut demander aux électeurs d'insulter une seule sorte d’étranger dans la rue ou une seule religion.
Répéter, répéter et répéter les mêmes slogans. Comme dans tout, les électeurs apprennent en répétant les mêmes gestes, les mêmes slogans, plusieurs fois.
Laisser les électeurs scander eux-mêmes un slogan. Même si on chante « La France aux Français » en dehors du 1er Mai, ce n'est pas bien grave. On stimule la peur de l’autre chez les électeurs et ils sont intéressés puisqu'ils ont choisi eux-mêmes leur slogan.












dimanche 29 janvier 2012

Qu'est-ce qu'il peut t'arriver un vendredi soir à 21h? (Cécile)

Qu'est-ce qu'il peut t'arriver un vendredi soir à 21h?
C'est quand même des clients à 400000 euros par an.
Il faut quand même accepter.
Bon tu vas m'en donner une louchée.
Pas plus?
Pas plus.
Quelle horreur
C'est le pourrisseur de tout.
C'est une horreur.
J'ai pas une grosse faim.
fleur de sel et piment d'espelette que je recommande
le mec qui en vend sera là dimanche.
j'ai regardé sur le site, c'est le même prix
tu penses bien que j'ai cherché le moyen de gagner des sous
moi je ne sale jamais, je ne sursale jamais.

tu as mis quoi dans la soupe?
ail oignon courge musquée
deux patates
diverses petites choses qui ont vocation à donner du goût.
c'est très bon.
Moi j'aime bien, j'aime bien
j'ai mis un peu trop de piment
Non non c'est bon.
il y a une belle longueur
c'est assez profond.
des notes un peu euh ça peut me faire penser….
tu l'as pas reconnu toi?
donc ça veut dire que c'en est pas
par certains côtés les notes mentholée sur un vin qui a du peps de l'acidité sur du rouge
c'est du balbec
et puis ce n'est pas du lanthenet
sinon R aurait pas aimé ça;
c'est pas que j'aime pas.
Non, tu n'aimes pas le rouge. Tu aimes le rosé
Non!
non non, je suis sûr que tu n'as pas goûté.
je vous dis ce que c'est?
non,
non.
On est dans le sud.
A ce propos, j'ai un vin à carafer, pour tout à l'heure.
On nest pas obligés de finir.
C'est bien de goûter sur plusieurs jours.
Jupé il a perdu.
Hollande il a pas renforcé son côté sexy.
Il a du lire des sondages qu'on connait pas.
Il y a de fortes chances pour que ce soit Hollande Marine.
J'ai vu des sites de sondage, Marine a 40%.
ça c'est terrible.
C'est guerre civile.
Si elle voulait gouverner.
vous imaginiez pas ce que ça veut dire
C'est guerre civile.
Non non y' a pas de guerre civile en France.

Je vais goûter.
ça sent le couloir rhodanien.
ça sent le bouzi après tout.
On en buvait souvent avant.
C'est un truc que j'ai déjà bu.
Moi je buvais beaucoup de bouffi quand j'étais petit.
Moi j'en ai bu des bons.
Si si. J'avais scandalisé Thierry Lapoire.
Il n'a pas voulu me dire bonjour l'autre jour.
C'est le jour où tu n'étais pas là.
Il a fait un détour pour ne pas me passer devant
qu'est-ce que tu veux.
Vas-y, il y a une bachole, faut la finir.
Faut pas, le temps de la finir,
Un bon fromage est un fromage mort.
Du bouzi blanc?
Je vous montre ce que c'est?
Les petites fleurs bleues.
C'est mentholé à mort.
C'est bon hein.
Dès que c'est aéré un petit peu, c'est gouleyant comme tout.
C'est cher?
4,5.
Oui puisque c'est 33 euros les six.
Oui mais tu avais pris les marcottes.

Tu crois que c'est opportun?
Je vais voir avec Jacques.
Il était tout gêné parce que je lui ai donné un bitard.
Timeo danaos et dona ferrantes.
Ce qui veut dire?
Je crains les grecs même quand ils font des cadeaux.
C'est le cheval de Troie le saucisson pour le Tocsin.
J'avais pas réfléchi à ça.
Merci.
Je vous en prie.

Arrêtez de lui faire des compliments aux Tricot, ils vont finir par vendre cher.
Sauf qu'il a la modestie chevillée au corps.


Putain c'est compliqué ça.
Non, ce n'est pas un vin simple.
ça commence à se développer.
Non non c'est un vin complexe.
ça sent très très bon?.
ça a un très beau nez.
Fruité et animaux qui se mélangent.
J'aimerais avoir ça
... tous les matins
... pour me maquiller le museau.
Mais mange la croûte!
C'est comme la croûte au gros sel.
Oui mais y'a du sel.
Une fois à C*** un copain d'un copain  se pointe.
Pourquoi les chinois font pas d'excellents fromages?
Pourquoi les français font pas des nems?
Ben , ils ont du lait, une variété géographique plus grande que la nôtre...
Mais les recettes se classent en fonction du corps gras, de ce que tu mouilles, on a du cidre, du vin, du rouge , du blanc... ben ça pfffuu. Dès que tu as fait 300 recettes tu as fait le tour. Chez nous, 17000.

Ben ricard et compagnie ils sont installés là-bas.
C'est bon ça bordel.







lundi 16 janvier 2012

Marcel Proust (Cécile)

A supposer qu'on me demande, sur la simple coïncidence d'une lecture, d'écrire un à supposer sur ma lecture de la Recherche, lecture qui me paraissait impossible difficile hésitante, je me demanderais d'abord si l'incroyable drôlerie de la langue ne mériterait pas d'être dépoussiérée polie décapée de son image sinueuse - qu'on ne peut pas lui ôter, vous avez raison - longue lente précieuse raffinée à l'extrême propice à l'endormissement, puisque taire le rire ce serait ignorer le côté de la bêtise mésalliée aux créations homophoniques de celui qui devint mon camarade de voyage préféré, le directeur de l'hôtel de Balbec, ce serait faire fi des piques lancées par le rayon bleu, ou rouge, ou doré c'est selon d'Oriane qui cultive dans son salon parisien la méchanceté antibovine, ce serait sous estimer la créativité neuve et toute d'aiguille de Françoise, dont le jambon de New York excite encore mes papilles, presque autant mais pas tout autant que le bœuf en gelée de Michel Ange, et ce serait enfin nier les éclats de rire francs qui émaillèrent ma lecture, au moins autant que les éclats cristallisés de ladite gelée qui éclaboussent le nom d'Agrigente, lequel est pour toujours tout à la fois "Grigri" et un gros bourdon qui volète dans un salon empesé, de même que Cambremer, mieux que la duchesse de, est une suite dégressive décroissante mineure d'adjectifs dont il ne faudrait pas qu'ils fussent quatre.

A supposer qu'on m'interroge sur le motif qui m'a le plus frappée dans cette première lecture, j'évoquerais sans réfléchir davantage les robes- motif futile si on ne lit pas plus loin que le Temps retrouvé, mais aussi motif esthétique toujours associé à la peinture ( Botticelli, Tiepolo, Carpaccio), qui court, couture visible et rabattue, d'Odette, la dame en rose (la dame aux robes de chambre en crêpe de Chine, sans contrepétrie) à Oriane magnifique en rouge Tiepolo et à Albertine - celle qui toujours empêche le rêve de voyage à Venise - ensevelie sous les brocards de Fortuny, imités de la basilique Saint-Marc et de Carpaccio, Albertine-Agostinelli la mauvaise Fortune puisqu'elle disparait dans les couleurs vénitiennes, vanishing lady traduirait Ruskin ; couture invisible, on dira couture anglaise, c'est le vêtement retourné sans doublure dont la laideur ("l'envers de la broderie" dit Sei Shonagon dans les "Choses qui paraissent sales") apparait finalement à qui regarde sous les robes : Albertine rayonnante, aux joues rouges dans sa robe grise, file à l'anglaise dans ses robes Fortuny, alors par inversion elle devient grise, puis cendre semée dans un vol fatal.