jeudi 29 janvier 2009

Texte : Homophonie approximative (Ande)

" Longtemps je me suis couché de bonne heure " se dit Victor.
Il s’est imposé ce rythme depuis de longues années déjà.
Sans mal : idéal sportif oblige ! Et pas question de déroger à la règle !
Mais voilà, depuis quelques temps, l’amante attendrie souffle dans son cœur un air joyeux plein de bonheur.
Seulement Victor n’a plus vingt ans, il a beau en chantant un air gai, douché de fraîcheur, sortir de la salle de bain frais comme un gardon ; on sent la vie passée compter ses heures.
Lui, se dit qu’enfin le sang de la vie coule dans son cœur, que bon sang ! Il est touché par cette douceur qu’est Juliette, son unique Princesse.
En célibataire endurci, il n’avait jamais envisagé l’Amour sauf comme un malheur. Il y a longtemps, saoul comme un p’tit beurre, il avait évidemment poursuivi toutes les bonnes sœurs du coin, comme un défi à sa solitude ! Bien sûr, las de ces facéties, il décide un beau matin, que le temps essuierait toutes les douleurs, que l’âme sœur ne lui tartinerait jamais de pain-beurre, que pour lui, à cette heure, la vie s’est jouée de malheurs, qu’aucune amie à lui ne suivrait un tel coureur … Bref, qu’il serait à jamais seul !
Sauf qu’un jour, à l’heure où blanchit la campagne, dès potron-jacquet, le mâle sportif s’éveille en lui et décide d’aller courir par les chemins, dans un bois tout près de là … et tombe nez à nez, face à face avec sa mie, son bonheur.
Ainsi, il se couche dorénavant tard, très tard !!! … maintenant qu’il a trouvé l’âme sœur ! Il se dit ; " Bon sang ! J’aime lui toucher les rondeurs !"

vendredi 16 janvier 2009

Les états d'âme de Catherine (Ande)


Etats d’âme

C’est peut-être une morne feuille
Ou seulement son pâle reflet
Volète, voltige, virevolte souvent
Maintenant détachée de son livre

C’est peut-être le clair reflet
De son âme blêmissant souvent
Devant le combat que lui livre
Celui de l’angoisse de la blanche feuille

C’est peut-être l’ombre qui souvent
Crisse et craque tel un livre
Quand soudain une belle feuille
S’éloigne en gémissant de son reflet

C’est peut-être un piètre livre
Qui peine à mémoriser sur feuille
L’enchevêtrement de son reflet
De sa conscience qui s’égare souvent

Le reflet de Catherine (Cécile)




Elle inspecte d'abord la feuille
Blanc devant, blanc derrière, de reflet
Aucun. Elle imagine souvent
Comme l'écriture régulière dé-livre.

Alors devant le miroir inspectant son reflet
Vieil ennemi croisé si souvent
Elle cherche à lire comme dans un livre
Elle sait les rides, comme nervures de feuille

Elle compte alors, compte souvent
Elle sait que la camarde livre
Son combat à temps, elle attend, feuille
Rouge, feuille morte, sombre reflet.

Elle attend, alors que dans son livre
Vide, sa vie attend d'être posée sur la feuille
L'écrit sera alors son reflet
Sans tache, ami fidèle souvent.

jeudi 15 janvier 2009

Le livre de Catherine (Sandrine)



Une "Catherine" est une n-ine où n=4. Ici, les fins de vers imposées sont a: feuille, b:reflet, c: souvent, d: livre.



Le livre de Catherine


Poser des mots sur une feuille
Décortiquer leur reflet
Ce n’est pas souvent
Que tes jeux ont l’allure d’un livre

Mais quand la parole jette un reflet
Que le mot éblouit souvent
Alors tu le pressens le livre
Bruissant dans les tréfonds de ta feuille

Tu gommes souvent
Tu ne crois plus à ton livre
Tu en veux à ta feuille
De ne plus avoir de reflet

Mais peut-être que le livre
Caché derrière ta feuille
Attend que tu lui livres ton propre reflet
Avoue, tu ne le fais pas souvent

lundi 12 janvier 2009

Des fruits, des fleurs, des loups et des agneaux.



Voici un lien vers le blog des récréations de cet été 2008, où l'on retrouve des agneaux, des loups, des loups, des agneaux, et beaucoup d'onde pure.

Moralité : bonne visite.

mercredi 7 janvier 2009

Petit poème d'homophonies approximatives (Sandrine)



Temps perdu


trop bu un soir
j’ai rêvé du


léviathan géminé, cocher de la peur


tentant jeunement gourmé de bonnes mœurs


de le maîtriser


luttant sans un cri poussé, déconneur


j’essaie de l’amuser


louchant javeline cachée de torpeur


en vain
monstre pas cédant
montre ses dents
je m’écris


« maman, gemme du hochet, la bonne heure !
lycaon ! j’ai été touché, ma pomme meurt ! »
larmant je m’essuie rougi et sonne l’heure


de mon réveil
je jure


content au creux du lit niché : plus de liqueur


après ce cauchemar

longtemps je me suis couché de bonne heure

Homophonies approximatives (Sandrine)



Encore un clavecin... qui réunit Caradec, Proust... et Gainsbourg.


Retrouvé dans les archives de l’INA, ce presque vrai enregistrement inédit d’une presque vraie interview presque accordée en 1983 par Serge Gainsbourg à Roger Gicquel… et qui ne fut jamais diffusée.

Roger Gicquel : Serge, merci de nous recevoir, je sais combien la préparation de votre prochain Olympia vous accapare…

Serge Gainsbourg : Le temps, je le fuis, Roger, en noceur.

RG : Avec tous ces excès, ne craignez-vous donc pas la chute, le point de non-retour ?

SG (rêveur): … Sombrant dans le puits bouché des bonnes mœurs.

RG : Parlez-nous de celui que l’on qualifie parfois de « votre maître en désinvolture », Charles
Trénet… quand avez-vous fait connaissance?

SG (rit): Au temps de son pis gonflé de liqueur.

RG (outré) : Enfin, Serge! On m’a dit que vous aviez passé de longs moments ensemble, dans les casinos notamment. Aimez-vous toujours la roulette et le Black Jack?

SG (se lève, en colère): Bon sang, jeux d’ennui fauché… de voleurs.

RG : Je ne voulais pas vous froisser... Revenons-en à l’art. Que diriez-vous à votre fille Charlotte, si elle écoutait du Charles Trenet ?

SG : Entends, le vieux bruite caché par l’odeur.

RG : Oh ! (il fait une courte pause) Et Johnny Halliday ? S’il vous le demandait, pourriez-vous lui écrire une chanson ? Ou bien avez-vous aussi une dent contre Johnny ?

SG : Longue dent ! Ce n’est qu’un boucher, un rocker.

RG : Ne lui enviez-vous donc pas toutes ses admiratrices, qui s’évanouissent à son arrivée sur scène ?

SG (lui coupe la parole, marmonne): … tombant de ce cri poussé de torpeur !

RG : Vous ne pensez donc pas que la musique de Johnny adoucisse les mœurs ?

SG : L’onguent de ce bruit moucheté pour bonne sœur ?

RG (gêné) : Euh… Et votre public à vous ? Quelle impression cela vous fait-il de chanter devant une salle comble ?

SG (il sourit): Content. Tous ces cris gloussés, quel honneur !

RG (rayonnant) : Ah ! Donc c’est un Gainsbourg heureux qui regagne la loge après le spectacle…

SG (de nouveau sombre): Pourtant, le « je » suit, couperet du bonheur…

RG (paternel): Serge, ne noircissez pas le tableau à dessein. Quelles sont donc vos sources de plaisir ?

SG (il hésite) : D’antan je me suis touché de bonheur…

RG (l’interrompt) : Je songeais plutôt à des émois… artistiques ! Tenez : vous avez bien connu Simone Signoret et son mari Yves…

SG (perdu dans ses pensées) : … Montand, en mon lit ronflait en sonneur…

RG (perdant patience) : Mais non, parlez-nous de… je ne sais pas, moi… de vos discussions au coin du feu...

SG (toujours mélancolique): L’auvent par la suie rongé, en hauteur… Tourments, par la pluie douchés… ramoneur…

RG (à son assistant): Laisse tomber, ça ne sert à rien. Ramène-le à son hôtel, il faut qu’il se repose…

SG : Longtemps, je me suis couché de bonne heure…

RG : Et arrête ce magnéto !

lundi 5 janvier 2009

Aimer, à la Perec (Ande)


Déménager

Déménager quitter un appartement vider les lieux décamper faire place nette débarrasser le plancher inventorier ranger classer trier éliminer jeter fourguer casser brûler descendre desceller déclouer décoller dévisser décrocher débrancher détacher couper tirer démonter plier couper rouler empaqueter emballer sangler nouer empiler rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer enlever porter soulever balayer fermer partir.

Georges Perec


A partir du poème de Perec : AIMER



Rencontrer se trouver se retrouver se séparer à regrets penser à l’autre espérer être amoureux revivre survivre entre deux rencontres Aimer adorer chérir aimer plus que tout apprendre à connaître l’autre changer recommencer se trouver se retrouver se perdre découvrir les failles les accepter Aimer avoir confiance être complice aimer se retrouver toujours s’étonner de l’autre rire ensemble pleurer ensemble respecter l’autre l’aimer tout simplement ne pas pouvoir s’en passer

dimanche 4 janvier 2009

Homophonie approximative (Cécile)


Le clavecin bien trempé, hommage à François Caradec.



Fous le camp, jeune pourri, boucher de malheur !



Je m’appelle Giovanni Faulk, longtemps je me suis couché de bonne heure : je travaille au péage de Milan Nord, je suis du matin. Mais là, c’est exceptionnel, je travaille le soir. Bon sang, je me suis coupé du bonheur, avec ces horaires inhumains. Lassitude infinie des autoroutes du matin, l’oubli rance du sourire entrevu au petit jour, sous les draps plissés. Sale temps, je suis mal emmanché, quel malheur. Je vois trop grand, je vois trop petit. Seul dans mon lit depuis six mois. Seul dans la cuisine face à la Bialetti qui crachotte. Bon sang, je me suis coupé le majeur. Ça pisse le sang sur ma tartine, et pour parfaire le tout, marrant, je me suis tranché trop de beurre. Sale journée. Sale équipe. Attends, il me suit, le boucher de cinq heures, le contrôleur de Cesto San Giovanni, et, marchand, il me crie : « Retranché des meneurs ». Qu’est-ce qu’il veut dire ? Il s’est infusé Léopardi ? C’est un jaune, et moi, un rouge, un de Garibaldi. Il va me proposer un échange. Mais tant que je suis là, je me fais pas blouser, l’erreur ! On sent que je ne suis pas des leurs. Longtemps, je me suis montré débonnaire. Mais c’est fini ! Forza !

Poème-texte (Ande), Homophonie approximative


ODE AU TEMPS QUI PASSE

Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !

LE VENT DE MON COEUR

Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure

LE SANG DU MALHEUR

Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur

UNE FUITE INEXORABLE

On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs

VOL MANIFESTE !

On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures

MENSONGES ET TRAHISONS

On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur

FAIM DE LOUP

On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur

PARIS, VILLE LUMIERE !

Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre

PASSION CYCLISTE

Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur

COULEURS DU TEMPS

Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs

ESPRIT DE BOISSON

Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre
Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs

FOLIE PASSAGERE …

Maintenant je poursuis toutes les bonnes-sœurs !
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le vent de la nuit a touché mon cœur
Bon sang ! Le puits du Fou est en pleurs
On sent la vie passée compter ses heures
On prend la scie trouée par sa sœur
On ment de ce jouet de malheur
On rend à sa mie son pain-beurre
Le sang de Paris coule dans mon cœur
Comprends que je suive tous les coureurs
Le temps essuie toutes les couleurs
Attends ! Je suis saoule comme un p’tit beurre