vendredi 19 décembre 2008

Brise Marine, mi- anagramme mi -beau présent (Cécile)

(même exercice qu'ici)
Sans abri, semé.

Isolé, je louvoie, vissé à la charte,
Barbe rare, rade fini, je dérouille les nervures,
Cil impur, preux à la ride nue,
Fade lustre fielleux, nippe
Mitée, Noël aride, on me disperse, quoi?
L'acédie ne me connait pas, russe mal blanchi.
Hilare, puisque bercé de rêves-freins,
Fils mal loti au jeu, nain
Sur l'épaule, jamais inscrit
Au carnaval imprécateur d'un alcool XO
Il ne décide pas, roule pour lui,
Le héros à l'aile rompue, à l'oeil mouillé ; il cède tout nu
Livré à la stupeur noire, mal ménagé,
Frêle. Que faire? Changer de gang, de ville, ou hop, stop!
Défiler proprement, utile, pas si nul,
Rostre ras, lente mousson de ladres crus.

C

Lettres à disposition :

ACEHIJLORSTUV
ABDEFIJLNORSUVEILMN
ACDEILMNPRUX
ADEFILJNPRSTUVX
ADLEILMNOPQRSTU
ACDEILMNOPRSTU
ABCDEFHILNPQRSUV
AEFIJLMNOSTU
ACEIJLMNPRSTU
ACEILNOPRTUVX
ACDEILNOPRSU
ACDEHILMNOPRSTU
AEGILMNOPRSTUV
ACDEFGHILNOPQRSTUV
ADEFILMNOPRSTU
ACDELMNORSTU

jeudi 18 décembre 2008

Quitter, à la Perec.(Cécile)


Déménager

Déménager quitter un appartement vider les lieux décamper faire place nette débarrasser le plancher inventorier ranger classer trier éliminer jeter fourguer casser brûler descendre desceller déclouer décoller dévisser décrocher débrancher détacher couper tirer démonter plier couper rouler empaqueter emballer sangler nouer empiler rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer enlever porter soulever balayer fermer partir.

Georges Perec



Quitter.

Quitter se libérer d'une obligation laisser en s'éloignant prendre congé laisser pour très longtemps pour toujours se séparer rompre cesser d'habiter cesser d'affecter de blesser cesser d'y être tout à fait s'en aller lâcher prise partir émigrer s'expatrier déménager plier bagage cesser de tenir lâcher tout enlever ôter la dernière peau ne plus continuer se résoudre recommencer.


C


Le farcisseur de texte


Plus une phrase farcie qu'un véritable tir à la ligne. "Tirer à la ligne, c'est, pour un journaliste (ou un écrivain), "allonger la sauce", sans augmenter pour autant 'information : on digresse, on ajoute des adjectifs, on fait long là où on pourrait faire court. Pour qui est payé à la ligne, justement, l'intérêt économique saute aux yeux. L'exercice oulipien du tireur à la ligne est tout autre : il s'agit, en partant d'une phrase de départ A et d'une phrase d'arrivée B, d'insérer une phrase intermédiaire (ou plusieurs) autorisant une fiction plausible. * Variante : le farcisseur de texte, où, à partir d'une phrase initiale, il faut construire un récit de plus en plus ample en ajoutant des mots, des ponctuations entre les mots, en respectant l'ordre des mots, si possible en altérant le sens. Dieu est amour Dieu, cet enfant est un amour Nom de Dieu! Cet enfant est un démon, mon amour!
Abrégé de littérature potentielle, Mille et une nuits, p 60.



Tireur à la ligne N°1 :
C : Pourquoi tant de haine ?
S : Elle demande pourquoi tu refuses avec tant d'obstination de voir sa haine.

A : Elle pense et se demande pourquoi rester ? Partir ? Où ? Tu refuses avec tant d'obstination, qu'elle abdique ... reste et se morfond de se voir si faible. Son inconsistance réveille sa haine pour elle et pour les autres.



Tireur à la ligne N°2 :
S : C'est un trou de verdure où chante une rivière.
A : C'est facile. On fait un trou. On met de la verdure. Là où la hulotte chante, on plante des troènes. Au loin une rivière artificielle finit le décor.

C : Pour faire un tableau qui décorera admirablement le restaurant "le mandarin", à côté des carpes géantes et des bouddhas souriants, c'est facile. On fait un trou dans une plaque de polypropylène teinté, on y met un système électrifié alternatif qui fera harmonieusement scintiller les LEDs prévues à cet effet. Elles simuleront, de leur chatoiement incandescent, la verdure et l'azur du yank-tsé-kiang (enfin, quand il resplendissait encore de verdure et d'azur). Là où nulle hulotte ne pourrait trouver la quiétude, les ondes se précipitent en une cascade qui chante Tanhausser en mandarin, et le grand ingénieur du monde, dans sa grande malice, plante un jardin d'éden, semé de pivoines, de dahlias délicats et d'incongrues haies de troënes et de tuyas. Au loin, une naïade en kimono secoue des rivières de perles noires (artificielles?), s'accompagne d'un
shamisen, instrument à trois cordes synthétique et finit ainsi, acostée par un improbable samouraï mélophobe, dans le décor.

Tireur à la ligne N°3 :

A : La Terre est bleue comme une orange.

C : Le chant de la Terre, interprété par la chorale de Châteauroux, est difficilement audible : la chef de chœur est bleue de peur, comme si elle craignait qu'on lui apporte pas une, mais des oranges en prison.

S : Le Berry était pour lui comme un chant intérieur en jachère. Son amour de la Terre natale lui avait été transmis par le vieux Jacques, un métayer et lointain parent dont le radotage sénile était souvent mal interprété. La plupart du temps, la voix du vieillard était sourde et râpeuse comme un champ avant le labour, mais parfois, sortaient de sa bouche une cascade de paroles résonnant comme une chorale. Jamais il n'avait retrouvé un tel attachement au pays chez les gens de Châteauroux. "Il est bien dommage, se lamentait-il, que pour eux, la poésie de l'araire reste difficilement audible... Seule la mère d'Alphonse - le chef de gendarmerie avec qui il avait été enfant de chœur - est sensible à la mélodie de la fenaison, à la lumière bleue des bocages." Il aimait la douceur simple de la vieille, qui ne n'éprouvait ni de mépris pour le chaulage, ni de peur du croquant. Un peu comme si elle aussi avait grandi dans la boue et craignait qu'on ne lui reconnût pas d'autres racines que citadines. "Le frais du ruisseau m'apporte plus de calme que le tricot, riait-elle quelquefois. Pas de doute." Elle se comparait à une rate née dans le béton mais amoureuse des champs. "Toi et moi, sans les marécages orange, sans les oiseaux dans les arbres, nous nous sentons comme en prison, lui avait-elle dit un jour. Mon gendarme de fils, lui, ne comprend pas ces choses-là." Puis elle avait souri, pensive.

dimanche 14 décembre 2008

Le Dormeur du Val, version mi-anagramme mi-beau présent (Sandrine)




(ici, la définition de l'anagramme, bien que ce texte, à cheval entre anagramme et beau présent, soit plutôt un "beau prégramme")

Mordre la louve


Au „Chiendent torve“
Mordîtes le cou fabuleux d’une louve
Morsure d’un fou loin d’être tendre
Posture non académique emplie de volupté

Jouant des dents à votre convenance brutale
Feignant d’ignorer le cri rauque et bestial
Hilare bêta, douleur stupide
Les turpitudes du monstre vous amusent

La pénétrante agilité du despote malmené
Le tortionnaire faussement détendu
La bête meurtrie cherche à fuir immobile

Prisonnier sans issue, l’animal finit par se taire
Son mal détrempe tes appétits de mort
Son silence languissant déçoit ta cruauté


Lettres à disposition

titre: ADELMORUV

Strophe 1:
ACDEHINORTUV
ABCDEFHILMNORSTUX
ADEFGILMNORSTU
ACDEILMNOPQRSTUV

Strophe 2:
ABCDEHFLNORSTUV
ABCDEFGILNOQRSTU
ABDEHILNORSTU
ADEILMNOPRSTUV

Strophe 3:
ACDEGILMNOPRSTU
ADEFILMNORSTU
ABCDEFHILMNORTU

Strophe 4:
AEFILMNOPRSTU
ADEILMNOPRST
ACDEGILNOQRSTU

vendredi 12 décembre 2008

Dormeur du Val météorologique. (Cécile)


Dépression localisée, ondées passagères. Températures localement inférieures à zéro, risque de verglas. Plus tard, belle éclaircie. Ciel dégagé.

Dans l'après-midi, temps clair, averse très localisée, puis ciel de traîne avec pluie et soleil (arc-en-ciel à prévoir).

Baisse brutale des températures.

Temps toujours sec et agréable. Ciel calme. Présence possible de la foudre, sur des régions extrêmement localisées (nord-nord-est).

jeudi 4 décembre 2008

Chrono-haïku du Dormeur du Val (1870) - Sandrine


Le Dormeur du Val réduit en haïku selon le principe du chronogramme, où les lettres I, V, L, C, D et M sont prises pour leur valeur en chiffres romains (soit respectivement 1, 5, 50, 100, 500 et 1000). La somme de ces lettres équivaut à l'année de rédaction du poème par Rimbaud (1870).

***


Verdure et rivière
Sur un cresson bleu lumière
Ci-gît en un val


soit


5+500+1+5+1 (512)

100+50+50+1000+1 (1201)

100+1+1+5+50 (157)

mercredi 3 décembre 2008

Haïkaïsation du Dormeur du Val (Sandrine)



Une rivière, des haillons
La montagne fière qui mousse de rayons.

Tête nue, cresson bleu
Sous la nue où la lumière pleut.

Souriant comme il fait un somme :
Chaudement il a froid

Sa narine ; sur sa poitrine
Côté droit.

Haïkus du Dormeur du Val (Sandrine)


Dans un trou tout vert
Soldat jeune au cresson bleu
Avec deux trous rouges


De l’eau les haillons
Bercent le jeune soldat
Qui se meurt tranquille


C’est dans la verdure
Il est étendu dans l’herbe
Il a deux trous rouges


Il dort et sourit
Malgré le froid de son lit
Soldat si tranquille


Rien aucun parfum
Mais un sourire d’enfant
Du val les rayons


Autour que du vert
Tête nue dans le cresson
Côté droit du rouge

mardi 2 décembre 2008

Haïkaïsation de Brise Marine de Mallarmé (Ande)



Les livres sont ivres
Les cieux par les yeux
Se trempent.
Ma lampe défend
Son enfant.
Ta mâture nature
Par les cruels espoirs
Des mouchoirs,
Invitent les orages
Sur les naufrages îlots,
Le chant des matelots.

lundi 1 décembre 2008

Brise marine : cuisine (Cécile)


Brise marine

Viande pas trop faisandée. Prendre livre inédit. Ne pas quitter la cuisine, choisir une poularde sobre, écumer le bouillon.
Ne rien ajouter, ni fines herbes, ni abats mouillés au gros sel ni trempés la nuit.
Bien allumer un feu assez vif, défaire le papier qui emballe la poularde, pocher dans le lait. Retirer dès que la poularde pointe ses ergots hors du lait.
Ajouter alors les ananas.
Ne pas mollir, réserver dans une étamine de fine baptiste.
Agiter avec des baguettes pour attendrir le bouillon.
Servir avec un chaud froid.
En dessert, île flottante et mikados.
Musique : chants de marins (bretons).

Lipossibles contestables (Cécile)


Penche/ pêche : lipossible en -n tentateur

Puissant/ pissant : lipossible en u prosaïque et bling bling.

oiseaux/ oiseux : lipossible en -a futile.

Avions (Cécile)


On ne badine pas avec l'amour
> On n'aime pas.

Fitzgeraldo
> Zero

Anna Karénine
> A! Nana!

Les fleurs bleues
> Les leurs

La disparition
> Last on(e)

Cris et chuchotements
> Crise, chute : mens.

Le baiser de la femme araignée
> Le bas de ma reine

Madame Bovary
> Adam, Boy!

Les liaisons dangereuses
> Lis, gueuse *



*spéciale kassedédi Jean Val-que.

Chicago littéraires (Cécile)


Fibre colline
Ligament défilé
Muscle ravin
Tendon cluse

Et saindoux
Mais suif
Or adiposité
Ni lard

Antigone des farfalle
Antigone des linguine
Antigone de la lasagne
Antigone du vermicelle

Chic du vent
Girond du feu
Mignon de l'eau
Séduisant du fer























Solutions : Nerval. OULIPO. Antigone d'Anouilh. Baudelaire. (Fastoche)

Deux Haïkus de Brise Marine de Mallarmé (Ande)



La chair des oiseaux
Reflète la clarté vide
Adieu ! Vents fertiles

J’ai lu tous les livres
Et un ennui désolé
Penche sur mon cœur

Haïku du Dormeur du Val (Ande)


Un jeune soldat
Dort allongé sous la nue
Côté droit troué

Double haïkaï du Dormeur du Val de Rimbaud (Ande)



C’est une rivière
Accrochant des haillons
D’argent, fière
Luit des rayons.

Un soldat nu
Et bleu
Dort ! La nue,
Pâle, pleut.
Les pieds sourient comme
Sourit en somme
La nature froide !

Les parfums en sa narine
Il dort sur sa poitrine
Tranquille, droit.

dimanche 30 novembre 2008

Dormeur du Val version télégramme (Sandrine)










Près rivière – Soldat dort par terre – A froid – Deux blessures flanc droit

vendredi 28 novembre 2008

Traduction lipogrammatique de "Brise marine" (Sandrine)



Voici une version sans la lettre E.








Air marin
La chair s’alanguit, zut! Or j’ai lu à foison.
Fuir ! Là-bas fuir ! Mimant l’albatros sans carcan
Ondoyant parmi l’azur du grand littoral !
Nul quidam, ni jardin m’accrochant dans mon vol
Poursuivi insouciant sur l’horizon si fol
O nuits ! Ni mon obscur lampion trop vacillant
Sur un manuscrit vain coloris blanc navrant
Ni la maman donnant son lait au nourrisson.
Un jour partir ! Toi marin balançant ton mât,
Parcours moult flots, pays inconnus au lointain !
Un chagrin, nu sans plus d’aspirations d’antan,
Croit toujours au mouchoir final brandi à quai !
Oui, un mât invitant à l’action du gros grain
Pourrait faillir fatal aux cargos mugissants
Sombrant sans mâts, sans mâts, ni luxuriants îlots…
Mais, ô moi profond, ouïs du bosco la chanson !

lundi 24 novembre 2008

Traduction monovocalique en "e" de Brise Marine (Ande)



Vent Frêle

Le chêne est vert, bref ! Et certes, je vends mes restes.
Céder ! Près de céder ! Je sens que des membres sont éméchés
D'être entre les brèches secrètes et les ténèbres !
Secs, et les cléments êtres reflétés et les lèvres
Ne peuvent reprendre ces ventres, d’entre les mères se trempent
Eh ténèbres! Et les tempêtes désertent mes sens
Et les belles lettres, les terres défendent
Et les femmes frêles bercent leur être.
Je reste ! Serfs blessent tes rêves,
Lèvent l'encre des exégèses célèbres !
Des têtes descellées par les fermes remèdes,
Servent ensemble les spectres désespérés !
Et, des êtres, de fer, crèvent les tempêtes
Jettent des espèces de vents et penchent, les pertes
Versées, mentent, mentent, et frêles cervelles...
Et, mes tempes, entendent les lentes crécelles !

Brise Marine

La chair est triste, hélas! Et j'ai lu tous les livres.
Fuir! Là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! Ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!


Stéphane Mallarmé

Chicago en langage cuit (Ande)





N°1 :
Couper un steak
Sectionner la bête
Emonder une côtelette
Trancher un rumsteck

N°2 :
Tonneau de jus de treille
Pichet de jaja
Cruche à bibine
Bouteille de picrate

N°3 :
Fait défectueux
Geste imparfait
Démarche foireuse
Mouvement loupé

N°4 :
Vilain cortège
Défectueuse réunion de militaires
Dangereuse escouade
Catastrophique armada

N°5 :
Donne une tarte
Gifle la joue
File une mandale
Frappe le regard



Réponses :

N°1 : Tailler une bavette
N°2 : Pot-de-vin
N°3 : Acte manqué
N°4 : Mauvaise troupe
N°5 : Tape-à-l'oeil

Avions Romanesques (Ande)



Le voyou de la nuit

LE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT (Céline)


La peau

LES PIEDS DANS L’EAU (R. Fallet)


Des sous-hommes

DES SOURIS ET DES HOMMES (Steinbeck)


Les bleus

LES FLEURS BLEUES (Queneau)


Véro et Platon

VERCOQUIN ET LE PLANCTON (Boris Vian)

Lipossible en "S" (Ande)




Une baisse cosmique en la brise
Majesté !
Une sonde du poste
Sous notre sombre monstre crise
Et dit : « Basta ! »

Une baie comique en la Brie
M’a jeté
Une onde du pote
Où notre ombre montre, crie
Et dit : « Bata ! »

lundi 17 novembre 2008

Lipossibles en "R" (Sandrine)


Définition du lipossible ici

Tu braves le crêpe sans la boucler
Tu baves le cêpe sans la boucle

Ramasse puis ravale ton ignoble frange ramollie comme une ronce de cracra qui prend sous cette brique si vieille.

Chicago

Définition du Chicago ici







N°1

Eroder de la canne certain la cuisse
Broyer de l’hydrate de carbone persuadé le cou
Défoncer du bonbon sérieux l’échine
Ravager de la friandise promis le ventre




N°2

Prélevé par les taroupes
Tracté par les vibrisses
Traîné par les lanugos
Shooté par les poils



N°3 (très facile !)

Le volatile de l’humour
Le canard de la plaisanterie
Le jard du gag
Le faisan du sktech




N°4

Escalader en attache
Gravir en ruban
Franchir en pince
Elever en pointe



N°5

Le défenseur d’Asmodée
Le tribun de Mammon
Le panégyriste de Ravana
L’apologiste du malin

Avions romanesques (Sandrine)






Qu'est-ce qu'un avion?







Spleen
ou
Peur mère des cois

SPLENDEURS ET MISERES DES COURTISANES


Format
ou
Fourgon-car

LA FORTUNE DES ROUGON-MACQUART


Ouvre pet
ou
Boude puce

BOUVARD ET PECUCHET


Le pic
ou
Le pire

LE PETIT PRINCE


Vague luit
ou
Va au-delà

VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT

dimanche 19 octobre 2008

Sonnet Paronyme du « Dormeur du Val » (Ande)



Le voleur du bar

C’est un fou de mercure qui hante une cimaise
Affrétant mollement les berges des galions
D’antan, où, le sommeil de la compagne d’hier,
Suit : c’est un gentil bouc qui tousse des glaçons.

Un moldave pleure, couche ouverte, bête vue,
Et la putain saignant dans les vrais tessons creux,
Sort ! Il est répandu dans l’âtre, sous le ru.
Sale dans son nid d’air où l’univers meurt.

Le nez dans les aïeuls, il sort. Jouant comme
Jouerait un perdant en balade, il met du rhum
Mâture, verse-le lentement : il est coi !

Les matins ne sont pas visionnés par la vitrine ;
Il sort de son sommeil, le sein de la voisine,
Ventile ! Il y a ce fou qui bouge au sommet du bois.

Sonnet Antonyme du "Dormeur du val" (Ande)



La veilleuse du mont

C’est une butte de béton où rugit un fleuve
Décrochant sagement aux branches des smokings
D’or, où, la lune de la plaine timide
Pâlit : c’est un grand mont qui scintille d’éclairs.

Une vieille pacifiste, œil fermé, pied chaussé,
Et le menton croulant dans le buisson rouge flétri,
Veille ! Elle est debout sur le bitume, sur la terre nue.
Bronzée dans sa chambre orange où l’ombre luit.

Les mains dans le ciment, elle veille. Pleurant comme
Pleurerait un adulte vaillant, elle fait une ronde
Culture, réveille-la froidement : elle a chaud !

Les pestilences font trembler ses poumons ;
Elle veille sous la lune, le pied sous son séant,
Exaltée ! Elle a une bosse bleue en plein milieu.

Sonnet paronymique d'après le Dormeur du Val (Sandrine)

Le chauffeur qui râle


C’est un fou de voiture aux jantes dans l’ornière,
Arrogant Allemand acerbe et tatillon
Sergent. Mou sommeille dans sa compagne bière
Pris : c’est un gars qui râle, frimousse en hayon.

Un’ Skoda seule, rouge ou verte, très tordue,
Véhicule geignant sous le frein crissant peu,
Sort ; il est descendu s’engerber sous la rue,
Sale temps fait divers à la manière de.

Dévié dans les éteules, si fort. Rouscaillant homme
Saoul rit mais tant d’incartades, il se dégomme :
Allure, mène-le rondement : c’est son choix.

D’écart feint ne peut pas raisonner sa machine ;
Ignorant sans éveil, le frein dans la ravine,
Fébrile. Inane courroux au coche échoit.

Sonnet antonymique d'après le Dormeur du val (Sandrine)

Le veilleur du mont

C'est un tas de désert où se taisent les roches,
Défaisant sagement des pierres l’apparat
De toc ; où le terne, du modeste vallon,
Meurt : c'est un très haut mont asséché par la nuit.

Un vieux réformé, yeux clos, d’un bonnet coiffé,
Et la gorge aride de la moiteur du ciel,
Veille ; il est debout bien droit, sur les rochers,
Hâlé sous son toit noir où les ténèbres luisent.

L’esprit dans les nuages, il veille. Pleurant comme
Pleurerait un grison vigoureux, il s’étire :
O art, glace-le d’air vif : il transpire.

La puanteur ne laisse pas son corps de marbre ;
Il veille dans le sombre, le pied posé à plat,
Agité. Il a une bosse noire au dos.

mardi 14 octobre 2008

Sonnet antonymique (Cécile)

L’éveillée du mont
C'est une protubérance de ténèbres où se tait un désert,
Décrochant sainement des pierres des cotillons
De merde ; où la lune, de la plaine misère,
Ternit : c'est un petit mont qui sèche de confusion.

Une bergère, vieille, oreille fermée, pieds vêtus,
Et la cheville desséchée par le brûlant myrte en feu,
Se réveille ; elle est debout sur le sable, sur l’enfer nu,
Sombre dans son linceul pourpre que les ténèbres mouillent peu.

L’épaule dans les rocs, elle grimace. Gémissant comme
Gémirait un vieillard valide, elle s’agite en somme :
Culture, secoue-la vertement : elle a chaud.

Les miasmes ne font pas blêmir son orteil ;
Elle se tort dans la nuit, les genoux sur les oreilles,
Eperdue. Elle a deux pics verts au côté gauche.

lundi 13 octobre 2008

Le sonnet antonymique

texte de départ :
Le dormeur du val (Rimbaud)

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Consigne : rédiger le sonnet antonymique de celui-ci.
Autre consigne : rédiger le sonnet paronymique de celui-ci.

samedi 4 octobre 2008

TRANSDUCTION du Psychanalyste (Ande)


Analyser

Analyser me rassemble. L’Analyse réunit le psychanalyste et le patient qui sont en moi. Chaque Analyse sur le divan est une sorte d’introspection géante, avec ses expérimentations analytiques fines, ses interprétations sauvages et son indispensable sens de l’anticipation.

Pour être un bon Analyste, il faut avoir une connaissance profonde de l’âme humaine, une sorte de complicité avec les cas cliniques de névroses et de psychoses, une approche instinctive et rapide des pathologies. Chaque psychothérapie est un Transfert et chaque Analyse est un transfert dans le transfert.

Les psychothérapies modernes dictent leur loi aux libres associations à coups de pulsions et de désirs refoulés mais les plus anciennes épousent les concepts du ça et du surmoi.

Lorsque l’on entre vite dans une thérapie sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on analyse, plus vite on analyse.

Il faut être vigilant et en forme. L’Analyse est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les thérapeutes qui, après une bataille terrible avec l’inconscient du patient, basculent à fond dans la libération de la parole.

Les grands Analystes sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai pratiqués quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs patients. Ils se mettent derrière le divan et donne confiance et puis, tout à coup, celui qui tentait de les suivre se retrouve dans son subconscient, son ça. Il y a quelques hommes qui vont, par l’hypnose, là où tous les autres s’y refusent. Il est bon de le savoir.

Le plaisir d’analyser un sujet que vous avez mille fois entrevu, c’est de fantasmer le moins possible, retarder les résistances, entrer le plus vite possible dans la conceptualisation de l’appareil psychique, aller en droite ligne pour attaquer le patient, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter mentalement en analysant.

On peut faire cela en écoute flottante et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les séances avec les patients peuvent paraître interminables. Si le froid s’en mêle et engourdit les neurones, si la pluie s’en mêle et tambourine sur les vitres, si le vent balaie l’horizon, analyser peut être une punition.

Je me souviens de l’ analyse d’Anna O., avec une migraine tenace, qui m’a laissé tétanisé à mon cabinet, incapable de me réchauffer, incapable – ce qui est pire encore – de retrouver la moindre trace du plaisir de la dynamique de la vie mentale.

dimanche 28 septembre 2008

Transduction. BAISER (Cécile)




Baiser me rassemble. La baise réunit l’amoureux et le lubrique qui sont en moi. Chaque partie fine à l’hôtel est une sorte de performance géante, avec ses approches amoureuses, ses préliminaires et son indispensable sens de la psychologie.

Pour être un bon baiseur, il faut avoir une connaissance profonde de sa partenaire, une sorte de complicité avec les ingénieurs de Durex, une approche instinctive et rapide des seins érectiles. Chaque corps est un dessin et chaque baise est un dessin dans le dessin.

Les femmes avides dictent leur loi au libertin à coups de hanches et de fesses, mais les plus anciennes épousent les mouvements de la langue et de la main.

Lorsqu’on entre vite dans un corps sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on baise, plus vite on baise.

Il faut être vigilant et en forme. La baise est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les baiseurs qui, après une bataille terrible dans des draps frais, basculent à fond sur un autre corps.

Les grands baiseurs sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai suivi quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs proies. Ils se mettent devant et donnent confiance et puis, d’un coup sec, celle qui tentait de les dominer se retrouve au plumard, au sol, à terre. Il y a quelques hommes qui tournent là où tous les autres vont tout droit. Il est bon de le savoir.

Le plaisir de faire céder une femme que vous avez mille fois entreprise, c’est de la faire jouir le moins possible, retarder l’orgasme, entrer le moins vite possible dans la jouissance, sortir en bonne ligne pour attaquer les suivantes, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter en baisant.

On peut faire cela à vitesse moyenne et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les petites morts peuvent paraître interminables. Si le froid s’en mêle et engourdit les doigts, si la pluie s’en mêle et détrempe la Merteuil, si le vent balaie la peau, baiser peut être pénible.

Je me souviens d’une partie luxurieuse près du Ventoux par un fort mistral glacé qui m’a laissé tétanisé à Malaucène, incapable de me réchauffer, incapable – ce qui est encore pire – de retrouver la moindre trace du plaisir de la jouissance.

Cécile (j'essaye de faire monter la fréquentation de ce blog;))

samedi 27 septembre 2008

Transduction
Créée par
Raymond Queneau
Définition
A partir d'un texte donné, substituer aux substantifs de ce texte d’autres substantifs pris dans un lexique spécialisé différent.
Raymond Queneau a ainsi traité un article du mathématicien David Hilbert, Les Fondements de la Géométrie, en remplaçant les mots : “ points, droite, plan ” du texte source par les mots “ mots, phrases, paragraphe ”.
Exemple : deux axiomes
I, 1 : Il existe une phrase comprenant deux mots donnés.
I, 2 : Il n’existe pas plus d’une phrase comprenant deux mots donnés.
Variante : le S+n orienté : choisir uniquement les mots qui appartiennent à un domaine préalablement déterminé (ex : mots du vocabulaire politique, culinaire, sexuel, garagiste, littéraire, etc.).



Texte de départ : extrait de « besoin de vélo » Paul Fournel
Exercice proposé : la transduction (créée par Raymond Queneau)


Descendre

Descendre me rassemble. La descente réunit le skieur et le cycliste qui sont en moi. Chaque descente à vélo est une sorte de slalom géant, avec ses passages fins, ses freinages et son indispensable sens de l’anticipation.

Pour être un bon descendeur, il faut avoir une connaissance profonde de la route, une sorte de complicité avec les ingénieurs des Ponts et Chaussées, une approche instinctive et rapide des lieux. Chaque route est un dessin et chaque descente est un dessin dans le dessin.

Les routes modernes dictent leur loi au terrain à coups de bulldozers et de dynamite, mais les plus anciennes épousent les mouvements du sol et de la montagne.

Lorsque l’on entre vite dans un virage sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on descend, plus vite on descend.

Il faut être vigilant et en forme. La descente est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les coureurs qui, après une bataille terrible dans la montée, basculent à fond sur l’autre versant.

Les grands descendeurs sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai suivi quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs adversaires. Ils se mettent devant et donne confiance et puis, d’un coup sec, celui qui tentait de les suivre se retrouve dans le fossé, au ravin. Il y a quelques hommes qui tournent là où tous les autres vont tout droit. Il est bon de le savoir.

Le plaisir de descendre une côte que vous avez mille fois descendue, c’est de freiner le moins possible, retarder les freinages, entrer le plus vite possible dans les virages, sortir en bonne ligne pour attaquer les suivants, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter en descendant.

On peut faire cela à vitesse moyenne et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les descentes de col peuvent paraître interminables. Si le froid s’en mêle et engourdit les doigts, si la pluie s’en mêle et neutralise les freins, si le vent balaie la route, descendre peut être une punition.

Je me souviens d’une descente du Ventoux par un fort mistral glacé qui m’a laissé tétanisé à Malaucène, incapable de me réchauffer, incapable – ce qui est pire encore – de retrouver la moindre trace du plaisir de la montée.

lundi 22 septembre 2008

Transduction du bourreau (Sandrine)


Transduction de « Descendre » (tiré de Paul Fournel, « Besoin de vélo »)








EXECUTER

Exécuter me rassemble. L’exécution réunit le sadique et le saigneur qui sont en moi. Chaque éxécution à main nue est une sorte de carnage géant, avec ses hémorragies lentes, ses accélérations et son indispensable sens de l’anticipation.

Pour être un bon bourreau, il faut avoir une connaissance profonde de l’anatomie, une sorte de complicité avec les médecins de l’Institut, une approche instinctive et rapide des suppliciés. Chaque corps est un dessin et chaque mise à mort est un dessin dans le dessin.

Les chairs vives dictent leur loi au saignoir à coups de cris et de sursauts, mais les plus anciennes épousent les mouvements de la lame et du nerf de bœuf.
Lorsqu’on entre vite dans un corps sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on exécute, plus vite on exécute.

Il faut être vigilant et en forme. L’exécution est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les tortionnaires qui, après une bataille terrible dans des chairs, basculent à fond sur un autre condamné.

Les grands bourreaux sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai suivi quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs victimes. Ils se mettent devant et donnent confiance et puis, d’un coup sec, celui qui tentait de leur résister se retrouve au gibet, à l’échafaud, sous le couperet. Il y a quelques hommes qui tournent là où tous les autres vont tout droit. Il est bon de le savoir.

Le plaisir de faire céder une côte que vous avez mille fois fendue, c’est de la faire craquer le moins possible, retarder les craquements, entrer le moins vite possible dans la fêlure, tapoter en bonne ligne pour attaquer les suivantes, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter en torturant.

On peut faire cela à vitesse moyenne et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les mises à mort peuvent paraître interminables. Si le froid s’en mêle et engourdit les doigts, si la pluie s’en mêle et détrempe le supplicié, si le vent balaie la Veuve, éxécuter peut être pénible.

Je me souviens d’une exécution près du Ventoux par un fort mistral glacé qui m’a laissé tétanisé à Malaucène, incapable de me réchauffer, incapable – ce qui est encore pire – de retrouver la moindre trace du plaisir de la souffrance.

Transduction de l’enseignant (Sandrine)


Transduction de « Descendre » (tiré de Paul Fournel, « Besoin de vélo »)





ENSEIGNER

Enseigner me rassemble. L’enseignement réunit l’adulte et l’enfant qui sont en moi. Chaque leçon à une classe est une sorte de slalom géant, avec ses pertes d’attention, ses accélérations et son indispensable sens de l’anticipation.

Pour être un bon enseignant, il faut avoir une connaissance profonde de l’enfant, une sorte de complicité avec les parents de la FCPE, une approche instinctive et rapide des élèves. Chaque élève est un dessin et chaque leçon est un dessin dans le dessin.

Les élèves turbulents dictent leur loi au groupe à coups de dissipation et de provocation, mais les plus appliqués épousent les mouvements de la dictée et de la conjugaison.

Lorsqu’on entre vite dans une thématique sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on enseigne, plus vite on enseigne.

Il faut être vigilant et en forme. L’enseignement est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les professeurs qui, après une bataille terrible dans des esprits rétifs, basculent à fond sur une autre leçon.

Les grands enseignants sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai suivi quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs classes. Ils se mettent devant et donnent confiance et puis, d’un coup sec, celui qui tentait de leur échapper se retrouve au coin, au tableau, en retenue. Il y a quelques hommes qui tournent là où tous les autres vont tout droit. Il est bon de le savoir.

Le plaisir de faire comprendre un texte que vous avez mille fois étudié, c’est de l’interrompre le moins possible, retarder les interruptions, entrer le plus vite possible dans son corps, le lire en bonne ligne pour attaquer les phrases, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter en enseignant.

On peut faire cela à vitesse moyenne et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les heures de cours peuvent paraître interminables. Si l’ennui s’en mêle et engourdit les pensées, si l’indiscipline s’en mêle et neutralise la classe, si le soleil étire la récréation, enseigner peut être pénible.

Je me souviens d’une heure de cours au Ventoux par un matin ensoleillé qui m’a distrait à Malaucène, incapable de me concentrer, incapable – ce qui est encore pire – de retrouver la moindre trace du plaisir de la connaissance.

jeudi 11 septembre 2008

Etats d'âme d'un objet du quotidien: la fourchette en argent (Sandrine)






Madame est morte ce matin. Bien fait !

Je me souviens de notre première rencontre, le jour de ses noces, en avril 1963. C’était sa tante Gudule qui lui avait offert notre coffret. Madame n’avait jeté qu’un regard ennuyé à notre bel écrin tendu de damas rouge. Elle s’était contentée de s’exclamer « Oh, des couverts… », avant de rabattre le loquet doré du couvercle, puis de s’éloigner en sautillant vers la piste de danse et notre oubli. La garce ! Nos sorties seraient rares, je l’ai pressenti immédiatement, et peut-être même pas à heures fixes, à en juger par le genre négligé de la donzelle. Pourtant, nous étions jeunes, éclatantes, parées de nos godrons les plus élégants, un entrelacs de feuilles ciselées à la main, en bas du manche. J’étais première de rangée, à l’époque. Tireuse des couteaux, domina des cuillers, meneuse et maîtresse de la ménagère, tous les autres couverts m’obéissaient à la fourche, sans exception, y comrpis cette lourdaude de louche.

Au début, bien sûr, Madame prenait quelque plaisir à dresser une table digne de ses convives de choix quand elle recevait. Il fallait la voir, précieuse et ridicule, mettre sa vaisselle de porcelaine bien en face des verres à pied, plier avec art des serviettes assorties à la nappe qu’elle plaçait soigneusement au centre des assiettes, et nous disposer comme il se doit, à gauche, fourchon tourné vers le plateau de table. Toujours raide, attentive, consciente de ma charge, j’attendais parfois plus d’une heure avec mes sœurs que les invités ne délaissent leur apéritif et daignent prendre place pour le repas. Je me rappelle cette tension, à chaque fois, qui précédait le moment où je serais retournée d’un coup de poignet, par ce partenaire toujours changeant, que je découvrirais alors, sachant que ce serait lui qui me manierait durant tout le dîner et que je devrais docilement servir, sans même qu’il ne s’en aperçoive.

Un jour, je fus attribuée à un certain Edgar, veuf valétudinaire de Tante Gudule. Sa main cacochyme tremblait. Il peinait à me tenir horizontale. Que d’efforts pendant ce repas, pour garder sur mon fourchon ses mets instables, qui glissaient sans cesse entre mes dents, bien avant sa bouche ! Ma cadette, qui servait un bellâtre à notre droite, riait de mon abnégation crispée, de mes tentatives inutiles d’épargner à l’ergotant le déshonneur d’une tâche de gras sur sa chemise. Rit bien qui rit la dernière, elle me conta plus tard ses déboires, durant ce même repas, avec l’haleine de son dadais d’utilisateur, dont les dents fétides se déchaussaient un peu plus à chaque bouchée.

Il y eut aussi le « médianoche maudit », un souper qui tourna court par maladresse. Un couteau glissa de la main d’un cousin distrait et alla se ficher dans le tapis, éraflant une cuisse dans sa chute. La discussion qui s’ensuivit dans l’écrin, le soir, fut l’une des plus agitées de notre service commun. Il y allait de la distinction requise par nos fonctions d’argenterie.

De peu fréquents, les dîners organisés par Madame se firent rares au fil des années. Alors, on nous négligea encore davantage. Pour ses repas quotidiens, Madame nous préférait de vulgaires fourchettes en inox « tellement plus pratiques et qui passent au lave-vaisselle ». De toute façon, Madame n’a jamais été un cordon bleu et j’ai toujours estimé que ses rôtis de veau ne nous méritaient pas.

Cela fait plusieurs années maintenant que Madame ne nous a pas sortis de la ménagère. Cette promiscuité continue et notre désoeuvrement ont conduit à des disputes ouvertes entre nous, couverts, mais finalement, un silence indifférent s’est peu à peu installé dans l’écrin. Je ne parle plus à mes sœurs depuis bien longtemps. La louche ne s’attarde plus aux arguties d’antan. Les cuillers ont fini de jacasser. Les couteaux sont résignés. Cet isolement a d’ailleurs du bon : au moins, l’obscurité nous évite de nous émouvoir de nos manches en capilotade piqués de sombre, et nous faisons semblant d’ignorer nos dents ternies faute d’être astiquées.

Est-ce l’âge qui me rend cynique, ou la solitude ? Cela m’amuse presque de songer que, débutante, je rêvais de servir dans une maison à la hauteur de mon poinçon. J’aurais suivi, frissonnante, les discussions des grands esprits de ce monde, effleurant délicatement leurs dents des miennes. Une domestique à tablier aurait pris soin de nous plonger, chaque semaine, dans un bain de cendres et de jus de citron. Elle nous aurait caressées d’une étoffe de flanelle, se serait mirée dans notre éclat alors plus vif. Entre deux repas, la ménagère aurait reposé dans une haute armoire de noyer. Nous aurions aperçu, par la porte entrouverte, deux tableaux flamands, de grandes estampes d’après Boucher et toute une série de gravures de l’Emile et de La Nouvelle Héloïse par Moreau. Au lieu de cela, nous avons vieilli, le manche frotté quelquefois à coup de pomme de terre, ou plongées sans amour dans une eau tiédasse et savonneuse. De toute façon, Madame n’avait qu’un poster des « yéyés » accroché dans son salon.

J’ai dû m’interrompre quelques instants : la nièce de Madame s’est emparée de notre coffret. Enfin du mouvement, de la visite, de l’intérêt ! Elle soulève le couvercle, une lumière aveuglante s’engouffre dans l’écrin et met à mal nos efforts pour paraître plus fraîches. Il me semble que la nièce sourit, elle a l’air gentil. Elle s’adresse à une personne que je ne vois pas dans la pièce : « Regarde un peu ces couverts! Je ne savais même pas que Tatie avait ça ! C’est de l’argent, tu crois ? Beurk, il sont tout tâchés. Allez hop ! Balance-moi ces vieilleries! »


Sandrine

dimanche 7 septembre 2008

Etats d'âme d'un objet du quotidien : la saga du ticket de métro (Ande)



La saga du ticket de métro

Eh oui ! grâce à mon précédent lifting je me sentais transformé … physiquement et moralement … comme quoi, changer de couleur n’était pas rien … il faut dire que je suis passé d’un vert peu seyant à un joli violet qui sied à merveille à ma fonction … surtout qu’avec ma bande centrale marron … quel chic ! Bref, je resplendissais ! Hélas, voici quelques mois, un hurluberlu fantaisiste jaloux décide de me transformer à nouveau, de me délaver ! Je m’explique : je ne suis plus violet mais blanc !!! BLANC lavasse tout ce qu’il y a de plus banal, bref, vulgaire ! Pourquoi n’a-t-on jamais son mot à dire, … moi si on m’avait demandé, j’aurais carrément refusé ! … Je me trouvais tellement beau !

Pour ne rien arranger, j’ai de moins en moins de copains … avec cette fichue carte Navigo … plus d’amis, plus de carnets, presque plus d’avenir ! Un noir dessein se profile à l’horizon !

Enfin, je vais arrêter de m’apitoyer sur mon sort car l’aventure que j’ai vécu ce matin, mérite d’être narrée.

Eh hop ! Ce matin comme tant d’autres de mes congénères, je suis sorti de la machine distributrice où j’hibernais depuis deux mois, pour découvrir Ma propriétaire car je n’appartiens dans ma courte vie qu’à une unique personne.

Cette jeune femme, après avoir mis trois pièces dans la fente du distributeur, m’a fait tomber dans la coupelle en acier et m’a prise dans sa main douillette et chaude … quel bonheur !

Elle m’a fait passer dans la machine du métro, m’a récupéré rapidement et m’a mis dans la poche intérieure de sa veste. Là, j’ai senti la chaleur de son corps, ses mouvements rapides mais doux et son cœur … son cœur qui battait tout bas.

Là j’y suis … c’est de cette poche que j’ai toutes ces pensées, que … mais que vois-je ? Une carte d’identité … Ah chouette ! Je vais connaître le nom de Ma propriétaire, c’est tellement rare !

Eh Psssitt !!! Dites-moi … Mademoiselle la carte, comment s’appelle Ma propriétaire ? Vous êtes timide ? Mais dites-moi, c’est tellement rare de pouvoir savoir ! Dans un chuchotement j’entends un nom : Coraline Marceau … puis plus rien, visiblement je dérange … Coraline Marceau, quel joli nom ! Coraline mon cœur … voilà, ça y est, je m’emballe, je m’attache, je deviens amoureux !

Les copains m’avaient prévenu qu’il ne fallait pas s’enticher de quelqu’un car notre vie est généralement courte. Peu sont conservés précieusement voire collectionnés, le rêve de tout ticket ! Malheureusement nous sommes généralement voués à être jetés ou piétinés … Certains restent quelques temps dans une poche avant de finir dans une poubelle … Et moi ?

Que vais-je devenir ?

Même si on sait que la vie est courte, quelle belle expérience de sentir ce corps chaud …

Ah mais je n’ai pas remarqué, nous ne sommes plus dans le métro, elle arrive chez elle, … elle sort son trousseau de clés, ouvre la porte, enlève son manteau … fait quelques pas, revient en arrière, cherche dans sa poche, trouve sa carte d’identité et … me prends entre ses doigts.

Chouette, chouette et rechouette, des sueurs froides me parcourent l’échine, elle hésite puis me glisse … dans le livre qu’elle a commencé … me voici entamant une seconde vie de marque-page ! Je vais pouvoir me cultiver, quel bonheur ! … Eh toi ! Livre, qui es-tu ? … « La Nausée » Kèkesaikeça ? Beurk, pas génial comme thème enfin, c’est mieux que de finir à la poubelle, et puis il y a Coraline, enfin pas d’engouement excessif … ayons les pieds sur terre … quelle expression idiote, n’est-ce pas ? Surtout pour un ticket de métro !

Elle pose le livre sur sa table de chevet et éteint la lumière pour s’endormir sans même avoir eu le temps de lire quelques pages. Faut dire « La Nausée » … ça ne donne pas vraiment envie ! Demain peut-être me reprendra-t-elle entre ses jolis doigts ?

Je vais moi aussi sommeiller un peu et faire de jolis rêves !!!

Bonne nuit à tous !

dimanche 31 août 2008

Etats d'âme d'un objet du quotidien : le couteau à manche de nacre


Cécile.

Etats d’âme du couteau à manche de nacre.


Je le sens, ma fin est proche. Je n’ai plus d’amis à qui me confier, je suis le veuf, l’inconsolé, au fil aboli. J’ai peur du noir. J’ai peur de demain. Je suis contraint de me mêler à la plèbe, au commun, au vulgaire, je me heurte aux pires individus.

Il y a peu, j’étais adoré. Avec tendresse, elle me lustrait, me lavait de ses blanches mains, me frottait d’un fin coton d’Egypte, enfin me rangeait délicatement dans un coffret armorié, caparaçonné de velours incarnat.

Las ! J’ai petit à petit subi les affronts du lave-vaisselle ; elle fut prise d’une tocade pour une ménagère vulgaire, si pratique, armée de plastique coloré, au manche fleuri. Garantie lave-vaisselle. Et puis quoi ? Faire ami, dans ce troisième cercle de l’enfer, celui de l’eau chaude et grasse, de la tablette granuleuse violemment dissoute, du séchage brutal à la vapeur brûlante, avec ces dindes de cuillères, ces petits coqs arrogants de couteaux au tranchant mal aiguisé…. Mal aiguisé… Je ne suis plus aiguisé du tout ! Confiné aujourd’hui dans un obscur tiroir de buffet, les compagnons témoins de notre ancien lustre ont disparu dans quelque vide grenier. Mes amis, notre maîtresse est morte, et moi, je ne me sens pas très bien.

J’étouffe dans ce tiroir. Je le sais bien, ma nacre est ternie, l’acier de ma lame est émoussé, je ne sentirai plus sur mon fil la caresse du fusil. Je ne serai plus choyé, placé amoureusement à droite des rondes assiettes de Sèvres, délicieusement distinguées.

Je ne frémirai plus d’excitation sous la main ferme et chaude, qui m’empoignait afin de détailler la belle tranche de côte de bœuf, la fine part de gigot de Pâques, la poularde farcie de Noël. Je le sais, on n’admirera plus ma découpe précise, quasi parfaite , de l’entrecôte.

De ce tiroir moisi je suis prisonnier. Ma dernière sortie fut épouvantable, j’en ai encore un frisson à faire se décoller la nacre.

Une petite main ouvrit le tiroir, se glissa à tâtons, m’empoigna, et tout en regrettant que je ne fusse pas un Opinel, ou mieux encore, un couteau suisse, me déroba, nourrie des pires intentions. Je devinai à la moiteur de ladite main, les mauvaises intentions du comploteur. Se servir de moi pour forcer une tirelire ! J'étais le couteau sous la gorge. Je devins le complice bien involontaire d’un larcin honteux, quoique enfantin. Je fus abandonné à l’office, devant le panier de légumes, moi, un couteau de table, mêlé à ces rustiques ! Il faut dire que j’étais en piteux état. En faisant levier, le petit criminel a éprouvé mes derniers remparts, tout mon corps a résisté de son mieux, héroïquement je dois dire, mais les attaches ont bien failli céder. Il m'avait planté un couteau dans le dos. La colle, longtemps assaillie par les affronts du lave-vaisselle, n’a pas combattu plus avant la barbarie puérile, et ma nacre, j’en suis encore tout retourné, s’est décollée. Si peu ! Mais souffrir, c’est mourir un peu.

Ma seule maîtresse est morte, et ma lame constellée de points de rouille porte le Soleil noir de la Mélancolie. Je sais bien que deux fois on ne traverse pas l’Achéron ; une fois j’ai résisté. Désormais j’attends. L’Achéron est ici bordé d’immondices, c’est à la poubelle que je vais terminer. Dans la nuit du tiroir, nul ne me console.

Je suis le veuf, l’inconsolé, au fil aboli.

mercredi 20 août 2008

OASO AVEC FNEK (Sandrine)


OASO AVEC FNEK








FABL JEAN DELA
HIST TANT CLBR
FNEK MENT OASO
VOLE VITE FROM


TOUT DEBU BOIS
OASO JUCH CIME
ARBR TRES HAUT
DANS SIEN BECQ
FROM BLEU KôSS
FNEK VENU HUME
SNIF SNIF SNIF
PUIS PARL OASO
« AVE OASO JOLI
OASO TRES BEAU
VRAI MEGA PLUM
MOTS EGAL TOP ?
ALOR ETES SIRE
OASO BOIS ROI »
OASO FORT AISE
HAHA HAHA HAHA
VEUT SHOW VOIX
BECQ TOUT GRAN
CROA CROA CROA
CROA CROA CROA
PUIS PERD PROI
FNEK AVAL FOM
« MON CHER VOIS
FNEK CIRE BOTT
OASO BIEN NAIF
INFO VAUT VOL »
OASO HONT DEÇU
JURE TROP TARD
DUPE JAMS PLUS

dimanche 17 août 2008

Cekoidonc ? Lexique.






Haiku,: poème de 3 vers, selon le schéma 5-7-5 syllabes.



Morale élémentaire, départ, retour, opus 3 : Sandrine




Départ petit





Vêtement repassé Etiquette cousue Sandwich plastifié
Adresse manuscrite




Rendez-vous imprécis Attente inquiète Cil humide

Sourire consolateur



Groupe constitué Quai premier Sifflet bref
Main agitée


Reste sage
Mange de tout
Sois poli
Ecris-nous
Prends des photos
Amuse-toi bien

Reviens-nous vite




Jeux collectifs Sorties bucoliques Refrains enjoués


Courrier non-posté



--------


Retour obligé



Sonnette intempestive Regard fuyant Visage fatigué
Cache-cache vain




Rapidité foudroyante Porte béante Lit défait

Vêtements froissés




Escalier dévalé Fourgon blindé Mégot mâchouillé

Poignets entravés


Ne pas pouvoir

Dire au revoir

Ne pas vouloir

Dire bonjour

A ce pays

Devenu étranger

Tu pleures, papa ?




Voyant éteint Toboggans désarmés Atterrissage atterré


Avenir contraint

Morale élémentaire, départ, retour, opus 2 : Cécile








(attention, morales quevaliennes)
Départ

Soleil radieux Séduction instantanée Princesse emballée
Mari trompé Nation trompée Confiance rompue
Récit entrepris
Roi furieux Père furieux Frère furieux
Rois enrôlés Royaumes enrôlés Guerriers enrôlés
Héros taciturnes.
Quoi ?
Toujours
prier
Jamais voir
Le repos du guerrier
Ah !
Butins.
Vaisseaux armés Ville assiégée Siège long
Ruses multiples Cheval perfide Guerre perdue
Retour empêché.

*

Retour


Compagnons perdus Radeau détruit Nymphe séduite
Magicienne conquise Rocher évité Créature ensorcelante
Récit entrepris
Hospitalité reine Géant berné Océan déchaîné
Côte furieuse Princesse accorte Sable doux
Fleuve accueillant
Toi
Qu’on dit
Aux mille ruses
Es-tu bien sûr
De
N’être pas
Le jouet des dieux ?
Dispute divine Déesse armée Armes impuissantes
Colère homérique Prétendants décimés Lit retrouvé
Retour impossible.

Morale élémentaire, départ, retour, opus 1 : Ande



DEPART
aéroport bondé attente longue fouille systématique
foule docile
avion blanc places assises temps calme
vol assuré
passagers fatigués passagers fripés passagers affamés
passagers endormis
Vacances
pour certains
Travail
pour d’autres
PARTIR
envies d’ailleurs
… avec ou sans retour ?
atterrissage assuré piste dégagée valises trouvées
repos mérité
RETOUR
vacances finies valises bouclées avion pris
retour prévu
vacances éloignées bercail revu routine trouvée
travail repris
vacances oubliées photos regardées plaisirs partagés
émotions retrouvées
Parenthèse
dans la vie
Rencontre
d’un autre pays
moments partagés
Atterrissage !
REALITE
sonnerie fatiguée yeux fripés nuit courte
réveil douloureux

Térine du prisonnier (Cécile)

Moi, âcre, nue, arcane rance, vis sans cérémonie.
Sur ma main au verso un remous : ivresse
Remaniée, masse amère, un rêve.

Ecris moi, veine noire, venin noir, morsure, rêve
Carmin, mon rêve immense ravive sa cérémonie
Reviens, sorcière roussie, noire masse, mon ivresse

Nacrée se renverse, vissée à son arc, ivresse
Sans crime, ivresse so camée, écris ce rêve
Vicieux, main nue mièvre, crâne sans arme, rare cérémonie.

Cécile

mercredi 13 août 2008

Térine prisonnière (Ande)

Térine prisonnière aux bouts imposés

une issue encore inconnue
examiner ma vie sans cérémonie
reconnaissance amène à une ivresse
sincère vision comme en un rêve

censurer une innocence encore en rêve
aisance innée annonce une cérémonie
rêverie en miroir, aimer avec ivresse

saveur amer, survivre à une ivresse
sans rime ni raison, même en rêve
amour sincère narre une cérémonie

Le Corbeau et le Renard façon Haïku (Ande)

Le Corbeau et le Renard (La Fontaine) en Haïku



Fromage à corbeau
Rusé compère flatteur
Fromage à renard !

Le corbeau et le renard façon "colonnes" (Ande)

Le Corbeau et le Renard (La Fontaine) façon « colonnes »


WASO CONT FNEK
DELA FONT AINE
GLOU GLOU GLOU

WASO DANS ARBR
GROS BECK BRIE
FNEK SENT BRIE
FNEK PARL ILDI
HELO BEAU WASO
JOLI TOUT JOLI
BEAU TOUT BEAU
VOUS GRAN ROI !
OURA OURA OURA

WASO TOUT JOIE
WASO BÊLE VOIX
OUVR LARJ BECK
BOUM FAIT BRIE

FNEK PREN BRIE
RUSé FNEK ILDI
BIEN FAIT BIEN
FAIT BIEN FAIT
BIEN FAIT BIEN
FAIT BIEN FAIT

FOPA OUIR FNEK
QUAN ILDI BTIZ
BIEN FAIT BIEN
FAIT BIEN FAIT

WASO FORT MARI
JURA TROP TARD
PLUS JAMè PANO
BIEN FAIT BIEN
FAIT BIEN FAIT
!!!! !!!! !!!!

Térine du prisonnier (Sandrine)


Un souci moiré semé en rimes avec cérémonie
Axé sur son moi, cousu sur sa micro ivresse
Rusé oui ou non, minerve avinée à vomir en rêve

Vers soumis à usure, verve couvée en un énième rêve
Venue mourir amère sans murmure ni cérémonie,
Vermine morne, ronce rousse, mi-souricière mi-noire ivresse

Arrivée enrouée, minée, morose, car vous, ivresse,
Verrou, morve, morsure, murez mon rêve,
Enserrez mon souvenir comme sur une croix sans cérémonie