dimanche 19 septembre 2010

Romans en trois lignes, à la manière de Fénéon (mais sans lard) (Cécile)


Voir ici pour bien comprendre.


Avec un baton noué d'un ruban, la réservée Mme de C. (récemment veuve) assoma Monsieur de N. L'amour.

M. Void fut confus, confit à la constatation qu'il inscrivit dans son polar tout son abc, sauf un oubli, un disparu. Final abrupt.

Facteur meurtrier : Avec un petit agneau (Mlle C. de V.) et une correspondance machiavélique, Mme de M (40 ans) a intrigué pour précipiter Monsieur de V. dans ses griffes. La vache! L'amour?

Mlle Lola Valérie Stein a dansé avec un homme (Son promis. Non. Beau? Très), à Lahore (- Non. -Au bord du Gange? Oui), est devenue folle à l'issue de ce bal. L'amour? ( Rien. - La mort).

Disparition spéculaire : Alice, d'Oxford (Angleterre), mangea, but, puis passa de l'autre côté. Curiosité, étisoiruC.

A Thunder-ten-tronckh, un jardinet est dévasté par un tremblement de terre lisboète et piétiné par des moutons rouges et un amant portant soutane. Monsieur C, devant les giroflées, constate combien la culture est difficile.

mardi 7 septembre 2010

Romans à la manière de Fénéon (Sandrine)



Romans à la manière des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon



Embrasser une carrière militaire ou entrer dans les ordres ? Finalement, J.S. choisit les femmes. Il en perdit la tête.


Dans une pension borgne de Paris, un jeune provincial défie la capitale. Pour dépasser la Montagne-Sainte-Geneviève, il grimpe des monts de Vénus.


Sur le parvis de Notre-Dame de Paris, une gitane dansait avec une chèvre. Un bossu les lorgnait depuis les tours de la cathédrale. Ils l’ont payé cher.

Un marinier se rêve chevalier. A moins que ce ne soit le contraire.

Madame B. rêvait d’Amour. Elle trompa son mari avec le premier venu. Et battit sa coulpe dans les spasmes de l’arsenic.


Un limier au nom à consonance norvégienne s’en prend à un chef d’œuvre de la poésie française. Il échoue en moins de temps qu’il n’en faut à un tercet pour conclure un sonnet. Lamentablement.

lundi 6 septembre 2010

Portrait d'un objet



Je vois ... un cartable bleu, avec des pandas et l’inscription « Kids for the planet ».

Je note ... qu’il est jeté au sol, sous la table.

Je souligne ... qu’il est complètement affaissé, vide même.

Je remarque ... que le cartable vide ne produit pas de gargouillis, et qu’il est un compagnon préférable à l’estomac vide.

Je me demande si écrire « La littérature au cartable » serait un bon hommage à Gracq.

Je ne peux pas croire que j’obtiendrais un quelconque succès avec « La littérature au cartable », sinon dans les éditions scolaires.

Je détesterais l'idée qu’à cause du cartable vide, on m’appelle l’Anna Gavalda des cours de récré.

J'aimerais beaucoup que le cartable ne se remplisse pas plus que ça, pour ne pas meurtrir d’épaules.

Je ne doute pas que les épaules se trouvent épaulées (et les cerveaux cervelés) par toute la matière grise qu’on enfournera dedans.

Mais je ne serais pas autrement surprise si toute la matière grise s’avère chiffonnée comme papier brouillon par le propriétaire, brouillon aussi, desdites épaules.

Je frémis à l'idée que demain, demain, le cartable craque et que la matière se répande, floc, sur le sol.

Je vois que la matière- floc- mérite un petit coup de faubert, et qu’à n’en pas douter, le cartable vide est mon plus agréable faubert mental.

dimanche 5 septembre 2010

Une couleur: blanc (Sandrine)



Je vois ... une page blanche, mais c’est elle qui semble me regarder.
Je note ... que si je lui tourne le dos et m’éloigne de quelques pas, quand je me retourne vers elle, elle me regarde de nouveau.
Je souligne ... sa blancheur, mes dents sont plus jaunes.
Je remarque ... son grain avide d’une encre qui tarde à venir.
Je me demande si ... l’on peut voir aussi le grain virtuel d’une feuille de l’aperçu avant impression de mon logiciel.
Je ne peux pas croire qu’ ... on ait abattu un arbre pour produire cette page et que je reste plantée là à la fixer sans rien écrire !
Je détesterais l'idée que ... l’arbre se soit consolé en pensant à mon texte à venir.
J'aimerais beaucoup que ... l’arbre n’y ait pas pensé avant de tomber sous la morsure de la tronçonneuse.
Je ne doute pas qu’ ... une autre page aussi resterait blanche, voyons les choses en face.
Mais je ne serais pas autrement surprise si ... ma rame de papier jaunissait avant d’avoir accueilli la moindre lettre.
Je frémis à l'idée de... brûler tout ce papier pour faire croire que c’est de sa faute.
Je vois ... une page blanche qui ne me regarde même plus.

mercredi 1 septembre 2010

Poème antonyme (Sandrine)


Vilaine

Vilaine, viens toucher si la boue
Qui ce soir aura pourri
Sa croûte de crasse sous la pluie,
Cru ajout d’avant-soir
Le plat de sa croûte noire,
Et son sombre du tien différent.
Joie ! touche comme en de grands confinements,
Vilaine, elle laissera sous le chemin,
Joie, joie son horreur s’envoler !
O non fée de Modernité,
Puisqu'une telle laideur dure
Que du soir jusques au matin !
Donc, si tu ne me crois pas, vilaine,
Tandis que ton âge se flétrionne
En son plus glauque blet,
Sème, sème ta vieillesse :
Comme à cette laideur, la jeunesse
A mis en valeur ton horreur.

Version antonymique de "Mignonne, allons voir si la rose..." (Odes, I, 17 Ronsard,1524, Vendômois)