mardi 16 novembre 2010

Autoportrait comme Edouard Levé en passant par Hervé Le Tellier (Ande)



L'un des chapitres du roman Assez parlé d'amour d'Hervé Le Tellier rend hommage à Edouard Levé, présenté ici sous le nom de Hugues Léger, et à son œuvre Autoportrait dont la forme introspective et fragmentaire est imitée dans un extrait d'un livre intitulé Définition.

« Un autoportrait composé de phrases courtes et hétéroclites.»

J’aime bien avoir de nouveaux amis même si je ne m’attache pas facilement. Je parais plus jeune que je ne suis et ça m’ennuie prodigieusement, ça fait vingt ans que l’on me dit : « un jour, tu verras … », j’attends. Je suis toujours en avance à un rendez-vous quel qu’il soit, une véritable obsédée de l’heure. J’aimerais écrire un livre sous contraintes oulipiennes mais je doute d’avoir le talent nécessaire. J’ai dû faire des choix dans ma vie, lorsqu’on fait des choix, on abandonne forcément une part de nos illusions. Je ne perds pratiquement jamais rien, je suis très organisée. J’aime l’odeur d’une maison, de ma maison. Mes grands-parents habitaient la rue Rainandriamampandry, je préférais quand elle s’appelait rue Galliéni. Je n’irai pas en enfer, il n’existe pas. Je me souviens de mon premier choc télévisuel : une petite fille qui se noyait dans la boue pendant plusieurs heures et que l’on retransmettait au journal télévisé : l’Indécence télévisuelle avec un grand « i ». Je possède un nombre certain de paires de chaussures et j’ai définitivement décidé de ne pas les compter. Je n’ai jamais pu dire lequel de ces deux films, « Chungking Express » de Wong Kar Wai et « Toni Takitani » de Jun Ichikawa, était mon préféré. Je pense que si je n’existais pas, rien ne changerait dans le monde.

1 commentaire:

Cid Larsen a dit…

Tu l'as retrouvé, ce chapitre! Bravo! Tu te fais malicieuse dans ce texte, et pourtant, sous les citations multiples, on te lit à coeur ouvert: le sourire sur les blessures, et puis encore le sourire.
Ccid.