jeudi 4 mars 2010

Textée Mystère (Ande)


1) Décrivez ce que vous avez devant vous en usant d’une comparaison lumineuse
2) Un air maussade vous rappelle Canaletto
3) Dans une relative nocturne, la mélopée évoque la polygamie et le sacré
4) En ranimant vos fantasmes fétichistes
5) Dans un sursaut d’énergie, lancez un appel digne d’un prolétaire de comédie musicale pour enfants
6) Vous souhaitez fuir vos troubles
7) Réclamez ce qui pourrait être une chanson paillarde
8) Ou une créature de légende
9) Usez d’un double vocatif à tendance triplement liquide et une double personnification
10) Evoquez un trésor malingre et son action narcissique dans un semi-oxymore précédant un gérondif complément circonstanciel de manière
11) La continuité de votre trouble vous plonge dans un pessimisme morbide
12) Malgré le retour à l’être pluriel et ses prières païennes emplies d’espérance
13) Votre souffrance s’arrête brutalement, mais peut-être ne fait –elle que commencer ?

L’écran de l’ordinateur éclaire ma nuit blanche. J’écris. Branchée sur Radio Classique, j’écoute distraitement, maussade, un air de Monteverdi. Ne pas allumer ma lampe de bureau, rester dans la pénombre. La lune luit, pleine. Cette musique d’église me rappelle une rencontre brève et intense. Un amant aimé, un Don Juan, briseur de cœurs. Eteindre la radio. Ne pas se laisser aller à la mélancolie des jours heureux. Allez ! Se reprendre, ne pas jouer à l’épouvantail effrayé par des allumettes ! Fuir son reflet qui me hante, l’odeur de son corps que j’ai encore en mémoire. Je vais écouter « les marins » de Brassens en pensant très fort à Georges Clooney ! La meilleure façon de l’oublier c’est de penser à son clone (ah ! ah !) en buvant un bon Cognac ! Je garde en moi cette image devenue floue d’un être que j’aime et qui n’est plus ni tout à fait le même ni encore un autre ! En pensant à lui, je me remémore notre rencontre dans ce restaurant. Cet éclair qui m’a traversé le cœur en le voyant, ce sentiment d’une évidence entre nous. Bah ! A quoi bon espérer encore ! Je voudrais être ailleurs de moi-même ! « Etre tout, être deux et ne pas l’être. Hélas ! Voilà encore un des rêves que je ne parviens pas à réaliser. Si j’y parvenais, je mourrais peut-être … » disait Pessoa. L’aube point, la douloureuse nuit s’en va. Une belle journée s’annonce pleine d’espérance ou d’amertume ? A voir.

1 commentaire:

SanCid a dit…

Bravo les filles! Voici la solution de la textée:

Nuit rhénane

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)