vendredi 11 décembre 2009

Je de la conversation téléphonique (3)

La réponse de Cécile à la moitié de départ:

- Allo ! Je t’ai vu dans le train, tu étais dans le wagon de queue.
- Evidemment. Jamais devant.
- Tu étais drôlement encombré, tu as acheté un Buffet ?
- C’est l’autre.
- Ah, je confonds toujours. Je veux dire : tu as acheté un Dubuffet ? Tu as fait chauffer ta carte bleue dis donc ! Tu n’as pas fait un chèque au moins…
- En bois.
- Oh non ! C’est encore moi qui vais intercéder auprès du banquier, comme si je n’avais que ça à faire. En plus je me demande comment je vais le coincer, monsieur Sinistrose.
- Entre la baie vitrée et l’escalier.
- C’est pas discret discret, je ne vais jamais pouvoir l’impressionner dans un lieu aussi passant.
- Ne fais pas ça, malheureux.
- Oui, figure toi que je n’ai pas tellement le choix, ce ne sont pas mes charmes qui l’intéressent tellement. Je vais le menacer de lui péter un genou. Ou si tu préfères, je lui envoie Jessica.
- Je t’en suis vraiment redevable.
- J’espère bien ! Enfin c’est l’après-midi, Jessica ne travaille pas. Je vais lui offrir un petit quelque chose, sinon elle va me encore faire de l’hystérie, je la connais.
- T’as pris le zèbre ?
- Non, j’ai pris le panthère, elle aime mieux. C’est plus classe pour un legging.
- Il tire un peu sur les côtés.
- C’est qu’elle le remplit bien, c’est tout, à l’endroit où le dos r’semble à la lune.
- Quel rapport avec Brassens ?
- Tu ne vois vraiment pas ? Je te fais un dessin ou je t’envoie chez l’ophtalmo ?
- A cette heure-ci, oui, c’est ouvert.
- Tu n’es pas vraiment en position d’être cynique, tu vois. Non, à ton avis, lequel lui fera le plus plaisir ? Une fringue ou un parfum ? Parce que c’est bientôt Noël, aussi.
- Prends le deuxième… ou le troisième.
- Le deuxième, le zèbre, ou le troisième sur la liste, c’était Nuit de Chine.
- L’éloge funèbre ?
- C’est pas parce que tu as des comptes à rendre dans le XIII ème que tu dois accabler tout ce qui a l’air un peu pékinois. Tu ne m’aides pas beaucoup, elle va te rendre service, et à cause de tes trafics la pauvre n’a plus rien à se mettre.
- Sur le dos ? Haha ha.
- Oui, sur le dos. Qu’est-ce que tu t’imagines. J’en ai marre de tes sous-entendus, de tes airs de n’y toucher…
- Qu’à moitié, tu l’as dit. Ils sont là?
- Ils vont bientôt arriver. Tu es sûr que tu n’as pas gardé un peu d’argent à gauche ?
- Non, rien. Ni derrière, ni devant.
- C’est malin. Si on n’était pas là, tu n’aurais plus qu’à boursicoter comme un minable père de famille. Au moins tu consulterais ton iphone pour autre chose que connaître le cours de la météo.
- Ça monte, normal..
- T’as pas l’impression que c’est un peu indécent, tous ces gadgets, là, de geek qui n’en peut plus mais, alors que tu nous manges sur la tête.
- Des fois. Une question d’habitude. Mais ça dépend aussi du cadre, bien sûr.
- Mais c’est dégoûtant ! Alors pour toi, il n’y a pas de famille qui tienne, pas d’amis, rien que de l’intérêt partout ! Mais c’est bientôt Noël, Jean, réagis !
- Ca m’écœure !
- C’est facile, d’être écoeuré, dans ta situation, tu t’en sors bien. Et c’est pour qui, ce Dubuffet ?
- Une vieille dette... qui m’a sauvé la vie.
- Oui. Le costume de bandit t’est un peu trop large quand même, mon petit. Tu n’as pas la carrure, c’est Jessica qui porte la culotte à ta place.
- J’espère que les cintres sont solides ! Et le cri ?
- Quoi le cri ? Ah non, ne compte pas sur moi en février, Munch et la Norvège, c’est pas mon rayon, et puis c’est un sacré budget, cette fois. Ça se prépare, et sérieusement.
- Trois heures, tout au plus. Mais tu me tires une belle épine du pied.
- Oui, en effet. Tu me mets au pied du mur aussi. Mais essaye d’être à l’heure pour le réveillon, et puis n’oublie pas les huîtres, hein !
- Merde !

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