samedi 4 octobre 2008

TRANSDUCTION du Psychanalyste (Ande)


Analyser

Analyser me rassemble. L’Analyse réunit le psychanalyste et le patient qui sont en moi. Chaque Analyse sur le divan est une sorte d’introspection géante, avec ses expérimentations analytiques fines, ses interprétations sauvages et son indispensable sens de l’anticipation.

Pour être un bon Analyste, il faut avoir une connaissance profonde de l’âme humaine, une sorte de complicité avec les cas cliniques de névroses et de psychoses, une approche instinctive et rapide des pathologies. Chaque psychothérapie est un Transfert et chaque Analyse est un transfert dans le transfert.

Les psychothérapies modernes dictent leur loi aux libres associations à coups de pulsions et de désirs refoulés mais les plus anciennes épousent les concepts du ça et du surmoi.

Lorsque l’on entre vite dans une thérapie sans visibilité il est impératif d’avoir une idée intuitive de sa fin. L’expérience est donc primordiale. Plus on analyse, plus vite on analyse.

Il faut être vigilant et en forme. L’Analyse est le contraire du laisser-aller. C’est pourquoi mon admiration est grande pour les thérapeutes qui, après une bataille terrible avec l’inconscient du patient, basculent à fond dans la libération de la parole.

Les grands Analystes sont des êtres bizarres dont il faut apprendre à se méfier. J’en ai pratiqués quelques-uns. Ils ne sont pas forcément méchants, mais leur virtuosité peut les transformer. Tout se passe comme s’ils voulaient endormir leurs patients. Ils se mettent derrière le divan et donne confiance et puis, tout à coup, celui qui tentait de les suivre se retrouve dans son subconscient, son ça. Il y a quelques hommes qui vont, par l’hypnose, là où tous les autres s’y refusent. Il est bon de le savoir.

Le plaisir d’analyser un sujet que vous avez mille fois entrevu, c’est de fantasmer le moins possible, retarder les résistances, entrer le plus vite possible dans la conceptualisation de l’appareil psychique, aller en droite ligne pour attaquer le patient, tracer un dessin impeccable et lui donner le rythme d’une musique. On peut chanter mentalement en analysant.

On peut faire cela en écoute flottante et y trouver grand plaisir.

Si l’on est fatigué, en revanche, ou simplement émoussé, les séances avec les patients peuvent paraître interminables. Si le froid s’en mêle et engourdit les neurones, si la pluie s’en mêle et tambourine sur les vitres, si le vent balaie l’horizon, analyser peut être une punition.

Je me souviens de l’ analyse d’Anna O., avec une migraine tenace, qui m’a laissé tétanisé à mon cabinet, incapable de me réchauffer, incapable – ce qui est pire encore – de retrouver la moindre trace du plaisir de la dynamique de la vie mentale.

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