lundi 6 septembre 2010

Portrait d'un objet



Je vois ... un cartable bleu, avec des pandas et l’inscription « Kids for the planet ».

Je note ... qu’il est jeté au sol, sous la table.

Je souligne ... qu’il est complètement affaissé, vide même.

Je remarque ... que le cartable vide ne produit pas de gargouillis, et qu’il est un compagnon préférable à l’estomac vide.

Je me demande si écrire « La littérature au cartable » serait un bon hommage à Gracq.

Je ne peux pas croire que j’obtiendrais un quelconque succès avec « La littérature au cartable », sinon dans les éditions scolaires.

Je détesterais l'idée qu’à cause du cartable vide, on m’appelle l’Anna Gavalda des cours de récré.

J'aimerais beaucoup que le cartable ne se remplisse pas plus que ça, pour ne pas meurtrir d’épaules.

Je ne doute pas que les épaules se trouvent épaulées (et les cerveaux cervelés) par toute la matière grise qu’on enfournera dedans.

Mais je ne serais pas autrement surprise si toute la matière grise s’avère chiffonnée comme papier brouillon par le propriétaire, brouillon aussi, desdites épaules.

Je frémis à l'idée que demain, demain, le cartable craque et que la matière se répande, floc, sur le sol.

Je vois que la matière- floc- mérite un petit coup de faubert, et qu’à n’en pas douter, le cartable vide est mon plus agréable faubert mental.

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