99 notes préparatoires au geste de lire
- Lire est essentiel
- S’endormir sans avoir lu est une aberration.
- De là à dire que lire est soporifique…
- Pâlire, c’est se sentir un peu Phèdre à la vue d’un livre.
- Est palissade tout rempart à l’acte de lire : paresse, enfant turbulent, autrui, panne de courant.
- Le geste de lire inclut la nécessité de la lumière.
- Lapalissade : lire les Lumières, c’est lire tout court ?
- Lire Cioran, c’est éteindre la lumière ?
- Eteins la lumière.
- Lorsque le geste de lire est constitutif de la mémoire, est-ce qu’on peut dire qu’on a une mémoire livresque ou que la lecture est tellement intégrée qu’on est lecteur avant que d’être homme ?
- Ceci est une note de bonne foi, lecteur.
- J’écris en la vivant le livre de ma propre vie, et je ne le lis jamais. C’est peut-être pour ça que je me permets autant de clichés et de redondances.
- Lire, c’est écrire un peu.
- Ecrire, c’est lire un peu.
- Et relire alors ?
- La lecture a horreur du vide.
- Je ne parle même pas du dos des paquets de céréales.
- Est-ce que lire sans conscience est la ruine de l’âme ?
- Appelez moi « acropole », tout de suite.
- Se sent-on romanesque en lisant des romans, poétique en lisant des poèmes, tragique en lisant des tragédies, essayé en lisant des essais, moderne en lisant des modes d’emplois ?
- Avant de lire des romans fleuves, on peut lire des nouvelles rus ?
- Essayer Fénéon.
- Nulla dies sine lectura.
- On dit, grâce à Umberto Eco « traduttore traditore », mais ne dit-on pas aussi, selon la célèbre contrepétrie berrichonne : « Lector, lector » ?
- Je déteste Pennac et son Comme un roman. Si je veux, je lis !
- Se préparer à lire. Comment faire ?
- Lire c’est choisir de ne pas lire. De ne pas tout lire.
- Passer la lecture à la machine, est-ce que c’est passer un livre à la moulinette ?
- Est-ce que je lirais de la même manière avec des lunettes ? Pas sûr.
- Lire à saut et à gambade.
- La cécité n’est pas une excuse.
- Dans « la lecture » de Renoir, l’une a l’air de s’amuser, l’autre fronce les sourcils. Elles lisent Martine à la ferme ?
- Se faire faire la lecture, c’est aussi lire.
- Emma est tombée amoureuse plus de ses romans que des vrais Léon et Rodolphe.
- Alors on est amoureux d’un livre ?
- Alors on peut faire une grande marche pour un petit livre ?
- Alors on peut se battre pour un Livre ?
- Et après, on dit que ça délivre.
- et le délire d’hercule Furieux, ça se soigne en arrêtant de lire ?
- Et le roi [lir], ça va mieux sur la lande ?
- Où est-ce que j’ai lu qu’une femme peut avoir plus de sept orgasmes successifs ?
- Où est-ce que j’ai lu que les mille pattes n’ont pas mille pattes en fait ?
- Où est-ce que j’ai lu que si on veut on peut ?
- Après Léthé, on commence à pâlire.
- La preuve, juillet aout, pic de lecture sur la plage.
- Le plaisir de retrouver , au choix, du sable, ou une herbe, ou une petite bête écrasée entre les pages du livre, en novembre.
- Qui lira ces notes préparatoires ?
- Qui a lu jusqu’à cette note préparatoire ?
- non, la lecture ne se délecte pas toujours. Voir Musso.
- Demander à ceux qui ont lu Musso.
- Lire la musique, et ne rien entendre. La preuve qu’on n’est pas musicien.
- Lire une notice de montage Ikéa, et ne rien comprendre. La preuve qu’on n’est pas bricoleur.
- Lire une notice de montage Ikéa, et ne rien comprendre. La preuve qu’on n’est pas tout à fait modelé par le grand suédois.
- Lire son nom affiché en bleu sur l’écran luminescent, et avoir soudain le cœur décroché.
- Ne pas lire la note suivante.
- Lire son nom affiché noir sur blanc sur la liste des recalés, et avoir une journée de foutue.
- Lire son nom affiché noir sur blanc sur la liste des virés, et se préparer quelques mois difficiles.
- Ne pas arriver à lire la signature sur cette carte postale de corse : qui est-ce, H^$m ?
- Ne lire que des cartes postales.
- Ne lire que des SMS, est-ce que c’est encore lire ?
- Le roman par SMS, c’est écrit sur le pouce, c’est le « Keitai roman ».
- Plus rien à lire.
- Le sentiment atroce d’avoir encore tout à lire, rien lu jusque là, et que toute la vie n’y suffira pas.
- Et avec tout ça, lire le dos des paquets de céréales.
- Vite, un Schopenhauer et un Lexomil.
- Ne pas lire cette note.
- Lire absolument cette note.
- Lire en buvant, c’est courir le risque de brouiller les pistes.
- Attention avec Ellroy, on peut finir en mille morceaux.
- Attention avec Melville, on se dessèche d’abord et puis on boit trop.
- Attention avec Carroll, on finit par ne plus jamais souhaiter un anniversaire à la bonne date, et puis par s’endormir dans une tasse de thé.
- Sensation un peu mesquine lorsqu’on lit un roman étranger moyen, d’accuser le traducteur d’avoir mal traduit, alors qu’on est peut-être un lecteur moyen.
- Lire la tête hors de l’eau.
- Ecrire une note préparatoire à la lecture, c’est retarder la lecture.
- …
- Le blanc entre les signes, comment ça s’appelle ? Le bloc de blanc ?
- Relire la note 30.
- « Oui mais moi madame je dé-tes-te lire, alors votre Balzac… »
- Chez le libraire : « Vous avez Antigone de la Nouille ? »
- Vous avez lu « Thérèse Ramequin » ?
- Vous avez lu « l’Insoutenable légèreté de l’être », de Touré Kounda ?
- Plus rien à écrire.
- On peut lire avec un point de côté ;
- on peut lire en trempant des madeleines.
- On peut lire dans son bain, et doubler le volume de son livre en une seconde. Avis aux tireurs à la ligne.
- Authentique.
- Lire des petits papiers, même de verre et même le matin, ça dérange.
- Lire un billet.
- Dans le « Chiendent », Théo lit les verbes forts, et ses cernes se creusent.
- Oui.
- C’est fou.
- Vous êtes en train de lire une ligne tirée.
- – Mais elle est folle, personne n’est allé jusque là.
- Face à la lecture, on est toujours seul.
- Lire à plusieurs.
- Lire à deux.
- Et si on se trompe et qu’on lit à l’envers ?
- Sans doute : le palindrome.
- Seul moyen de vraiment arrêter.
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