mercredi 5 décembre 2012

Petite boîte de musique (Sandrine)



Doux pour tromper tout doux
Après ça titille et mord
Et insidieux "olé" en nous
John Coltrane
Assaillis petit à petit
Sans jamais en réchapper

John Coltrane, olé en enfer (Sandrine)




Petits, tout petits pas
Le pas du faux-filet
A l’anglaise

Les talons
Marquent marquent la mesure
Rayent raillent
Le parquet du vice

Froufrou rouge du jupon
En frôlement du pantalon

Les talons cliquettent
Cliquettent sur le bois clair
De jambes qui s’élancent, s’enlacent

Pour lui le cheveu plaqué
Corset de cirage enserre le cuir du crâne comme de la chaussure
Regard d’un œil crevé tourné
Vers ailleurs
Dans la musique

Cette putain de portée
La flûte qui grince
Soulève

Elle
Virevolte au sol
Le froufrou frôle
Le froufrou le ramène
Au creux de l’étoffe
Dont on fait les cliquetis musicaux

Elle s’arque boute sous la morsure du saxo
Qui veut la pénétrer
Son sexe se fait laiton

Il perd 
pied

Dégouline roule le long de son col
Amidon

Les talons cliquettent
Les semelles se détachent des corps
S’échappent
L’espoir d’un piano
Blanc noir
Noir noir blanc
Note-ecchymose

Le vent n’a pas de couleur
Le rythme trépane
Et transporte
Quand la transe se fait devoir

Le parquet s’efface
Sous le cliquetis
Incessant rituel d’éternité

Tombent aussi les murs, aussi tombent

De craie, retourne à la craie
Crisse et hurle

Les rideaux s’enflamment
Les vitres, le miroir sardoniques
Les éclats d’un rire en zébrures

Rien ne sert de se débattre
Ce bois sera bûcher

Les talons entêtants d’une elle au passé

Il tourne
Gémit du violon
Craque la corde, sa dernière
Envolée

Elle geint
Bruit de gorge pour l’Humanité qui fait comme si de rien

Pourquoi les trains suivent leurs rails
Les montrent décomptent le tempo pour quoi

Griffure et sang
Encornée sur un manège infernal
Le froufrou écartelé

Lui aveuglé par le cuivre
Oua oua se désosse
La chair infusée

Flammes Flammes

Deux petits, tout petits tas
De cendres

dimanche 2 décembre 2012

Coltrane, Olé (Cécile)


Ça tape tape tape tape
La couleur comment tu veux la trouver là dedans

Ça tape tape tape ça fait de la retape tape tape
La couleur alors couleur espagnole
La couleur peu profond
Ça veut dire la couleur rouge c’est le sable blanc c’est le blanc qui tourne tourne
Tape tape sur la tête et finalement
C’est le rouge la peau brûlée complètement
Brûlée partout
Brûlée par les mille trous de l’éponge qui ne soigne pas alors
Mettez du vinaigre ça désinfecte
Ça brûle brûle brûle brûle tout ce blanc
A supposer qu’on tape, mais pas trop vite
Le tapuscrit
Alors on tape tape tape tape des mots sans suite
On tape tape tape des mots qui se rangent
Noir la couleur des étoiles sur fond blanc
Noir finalement prend toute la place

Si on ne désinfecte pas ça devient noir vous savez
Même si la brulure semble peu profonde
On ne sait jamais très bien, elle peut très bien revenir
Même des années plus tard,
Même après le blanc qui envahit
La mémoire
Et ça tape tape tape tape quand elle revient au galop des petits chevaux noirs
Sur le papier rangés
Mais rouge vraiment ça brûle tout à coup
Ou l’huile d’olive aussi ça calme bien, ça répare
Ça vous retape le derme
Mais alors le sable sur ce rouge c’est du sel dans la plaie
Des petits cailloux dans la mémoire qui ne l’aident pas à se retrouver, non
 Elle revient sans qu’on l’invite
Elle tape tape vite sous les tempes
Elle entre sans frapper
Elle ne s’essuie pas les pieds au seuil du souvenir

Vous avez essayé la Biafine ?
Le sang bat bat bat sous le rouge sous le blanc
Le noir si on l’inscrit il assombrit la population
Le noir est peu profond,
Le noir calamine, calomnié, le noir graphite,
Le noir du si peu profond ruisseau calamine cassée,
A la fin, au fond il faudra bien que je me mine
Les couleurs de Coltrane ça me tape tape tape dans les nerfs
Ça ne coule pas du peu profond ruisseau qui fait les grandes rivières
C’est le contraire
C’est la queue du saumon qui tape tape tape  et remonte
La mort.